Message de nos pères évêques

A l’écoute de Dieu et du monde
Message des Evêques du Burkina

La Conférence Episcopale Burkina-Niger a tenu à Fada N’Gourma du 15 au 21 février 2010 sa 2è assemblée plénière annuelle. En ce début du carême nous avons voulu nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, à l’écoute les uns des autres et à l’écoute du monde qui nous entoure. Au terme de cette rencontre, les Evêques du Burkina vous livrent vous, fidèles du Christ, et à vous hommes de bonne volonté, le présent message.

Le Carême
Notre récollection de la première matinée nous a fait entendre l’urgence de l’appel de Dieu à la conversion durant ce temps privilégié du carême. Saint Paul nous exhorte à nous laisser réconcilier avec Dieu et avec les autres par une conversion sincère . Cette démarche exige de nous non seulement de rompre avec le mal mais d’aller toujours plus loin dans le sens du bien. Les chrétiens sont invités durant ces jours de jeûne qui les préparent à Pâques, à s’adonner davantage à la prière, à témoigner plus d’amour pour le prochain, et à être fidèles aux sacrements qui les font renaître , afin d’être comblés des bénédictions du Seigneur. Nous souhaitons donc à tous les fils et filles de notre Eglise-Famille de Dieu, un saint et fructueux temps de carême.

Les inondations
A l’écoute les uns des autres nous nous sommes donné les nouvelles de nos différents diocèses, avec une note particulière sur les inondations du 1er Septembre 2009 qui ont causé beaucoup de dégâts à Ouagadougou et dans beaucoup d’autres localités de notre pays. Il est heureux que les autorités et l’ensemble du peuple burkinabè aient fait preuve d’une grande sollicitude dans les secours portés aux victimes. Des dispositions concrètes ont été prises pour encourager la gestion transparente et équitable des différents secours. Il faut souhaiter que la vigilance de tous permette à la solidarité nationale et internationale de porter tous ses fruits au bénéfice des sinistrés. C’est le lieu pour nous de vous adresser, à vous fils et filles de notre Eglise-Famille, notre sincère gratitude pour votre généreuse réponse à l’appel des Evêques. Elle nous a permis non seulement de participer aux efforts du Gouvernement mais aussi de mobiliser, avec l’aide d’autres organismes d’Eglise, plus de 200 millions de francs qui ont rejoint les sinistrés sur le terrain. Que Dieu rende à chacun le centuple de ses bienfaits.

L’article 37 de la Constitution
A l’écoute du monde et particulièrement de l’environnement national qui bouillonne de toute sorte de discussions et de préoccupations, nous avons été sensibles aux soucis des uns et des autres. Dans l’environnement de ce qui s’est écrit dans les journaux, nous avons repéré les débats autour d’une révision possible de l’article 37 de la Constitution de notre Pays. Certes la vie politique d’une nation ne doit pas se figer dans l’immobilisme ; et il est normal que des réformes régulières, opérées avec sagesse permettent aux institutions d’assurer toujours un mieux être aux populations. Il reste cependant que pour cet article 37, nous ne devons pas fermer les yeux sur l’histoire récente de notre pays, sur notre environnement régional et mondial. Les graves soubresauts qui ont mis en danger la paix sociale et qui ont abouti à la mise en place du Collège des Sages pour réfléchir et proposer une stratégie de sortie de crise, commandent à tous plus de vigilance et de retenue. Le rapport du Collège des Sages du 30/07/1999 stipule, au nombre des solutions pour résoudre la crise dans le domaine politique, de « Revenir sur la modification de l’article 37 de la Constitution et y réintroduire le principe de la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs. En effet sa révision en 1997, quoique conforme à l’article 164 alinéa 3 de la Constitution, touche à un point capital pour notre jeune démocratie : le principe de l’alternance politique rendu obligatoire par le texte constitutionnel de 1991. » Cela signifie qu’à un niveau constitutionnel tout changement doit viser le bien commun et non les avantages de groupes particuliers ; la justice sociale est à ce prix. Le travail du Collège des Sages, nous nous en souvenons, a contribué énormément au retour de la paix sociale. Il y a donc lieu de se poser la question à qui profiterait un retour en arrière en amendant de nouveau l’article 37 pour y faire sauter la limitation des mandats présidentiels consécutifs. Cela garantirait-il la paix sociale, ou nous conduirait-il devant les mêmes turbulences ? Surtout quand on sait que beaucoup de dossiers pendants de l’époque, notamment les crimes économiques n’ont toujours pas trouvé de solution. Il faut rappeler le principe prôné par le Collège de Sages, en sa recommandation 2.2.1 : « Toute légalité et toute légitimité tirant leur source de la Constitution, celle-ci doit faire, tant dans son esprit que dans sa lettre, l’objet d’un strict respect » Si nous avons été amenés à nous exprimer sur cette question, c’est dans le but de nous interpeller tous, à plus de vigilance et de responsabilité en vue de préserver les acquis sociaux et politiques de notre peuple.

50 ans d’indépendance
Nous sommes à l’aube de 50 ans de souveraineté nationale ; du chemin a été parcouru, même si tout n’a pas été beau dans notre histoire, nous nous devons d’être heureux et fiers de ce que nous avons construit ensemble et qui fait l’admiration de beaucoup. Cependant, rien n’est définitivement gagné, il nous appartient donc de resserrer les coudes, de travailler avec rigueur et un sens des responsabilités pour avancer et jouer au mieux notre rôle dans cette histoire que nous souhaitons toujours plus belle pour les générations à venir. Nous nous promettons d’y revenir à l’occasion des festivités jubilaires.

En guise de conclusion
Revenant à ce temps du carême, écoutons les prophètes qui n’arrêtent pas de nous exhorter à veiller sur la veuve, l’orphelin et l’immigré, c’est-à-dire les pauvres et les faibles, nous invitant par là à écouter l’appel de Dieu. Son appel nous fait toujours voir plus loin que l’immédiat. L’horizon vers lequel nous avons voulu tourner votre regard, est celui de l’avenir de notre beau pays, le futur de nos jeunes. Cet avenir n’est assuré que pour les nations qui auront su se doter d’un « panier » de responsables compétents et dévoués issus d’équipes successives, dans une alternance heureuse des personnes et des régimes. Nous ne vous inviterons jamais assez à prier pour notre Faso, ses responsables et ses populations. En effet « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les maçons ; si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que la garde veille. » Puisse donc le Dieu Tout-Puissant qui nous aime, nous aider à préparer dès aujourd’hui, chacun en ce qui le concerne, un avenir radieux de notre pays. Dieu bénisse le Burkina Faso ! Fada le 20 février 2010 Les Evêques du Burkina Faso


COMMENTAIRE
Le message de nos pères évêques est le bienvenu dans le contexte qui est le nôtre en ces temps de crise morale et politique où ‘‘les plus concernés’’ – parce que tous, nous sommes concernés – recherchent le manteau de la confiance perdue dans le pays, dans la sous-région et au niveau international. Il est cependant plus facile de continuer à marcher sur un bon chemin plutôt que de marcher sur un mauvais chemin et rechercher tardivement et péniblement le bon. Si l’on en avait la conscience au moins ! Et si l’on ne faisait pas croire au meilleur alors que l’on recherche son propre honneur ! Si chacun avait pris conscience de la gravité de ses actes, on ne serait plus à polémiquer sur la modification de l’article 37 de notre Constitution qui dit ceci : « Article 37 (Loi N° 003-2000/AN du 11 avril 2000) Le Président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct, égal et secret. Il est rééligible une fois. » Extraire la limitation de mandat de cet article ne profite qu’à une personne ; vous connaissez bien autant que moi son nom. Respecter cet article confirmera toute la crédibilité en celui qui en a la capacité de le rendre intouchable. On aurait alors fait du bien à la nation entière et on aurait commencé à être démocrates au pays des hommes intègres. Sinon cher ‘‘Ba-yiri’’, nous t’aimons mais nous souffrirons ! Merci à nos évêques de parler aux consciences droites. Je ne suis pas le Christ mais je ne puis m’empêcher de dire : « Heureux ceux qui savent lire les mots-couverts ! »
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