1. La nature du mariage : canon 1055
La Bible nous révèle (Gn 1,27-31 ; 2,18-24) que Dieu crée l’homme (Adam - mâle - et Eve - femelle-) et fonde, par le fait même, la vie matrimoniale du couple monogamique, forme d’union qui s’oppose à toutes les autres formes que nous pouvons constater et dont certaines sont assorties de conséquences néfastes : meurtre, concubinage, polygamie, divorce, adultère, fornication, inégalité dans la vie de couple, rapports contre nature … (cf. Lv 20, 10-21 ; Rm 1, 26-27).
Malgré certaines prescriptions du décalogue (voir 5e, 6e et 9e commandements), c’est Jésus qui, en confirmant les énoncés de la Genèse, reportera le mariage à sa nature première : « A l’origine de la création, Dieu les fit homme et femme ». Pour cette raison, l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et ainsi, tous deux ne seront plus deux chairs, mais une seule. Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer (cf. Mt 19, 3-9 ; Mc 10, 6-9). Pour la Bible, le mariage est le symbole de l’alliance entre Dieu et son peuple Israël (cf. Os 1-3 ; Jr 2, 2 ; 3, 1-13 ; Is 54, 4-8…)
Attentif aux aspirations du monde de ce temps, le Concile Vatican II présente une nouvelle approche et une nouvelle compréhension du mariage et de la vie conjugale. Selon ‘’Gaudium et Spes‘’ (GS 12 § 4), le mariage est « l’expression première de la communion des personnes ». Le Concile dépasse la traditionnelle subordination des fins et centre le mariage sur l’amour. C’est une communauté profonde de vie et d’amour, établie sur l’alliance des conjoints, c’est-à-dire sur leur consentement personnel irrévocable. Par sa nature, l’amour conjugal qui découle de l’institution du mariage est ordonné à la procréation et à l’éducation, qui en constitue le couronnement (G.S. 48 § 1).
Dans le sillage du Concile, le nouveau Code de droit canonique rejoint la vision biblique de l’alliance en adoptant l’expression ‘’alliance matrimoniale’’ et nous en fournit une définition. Le Code de 1917 affirmait tout simplement que le Christ Seigneur a élevé à la dignité de sacrement le contrat matrimonial lui-même entre baptisés (can. 1012 § 1). Le canon 1055 § 1 du Code de droit canonique nous présente le mariage comme étant « l’alliance matrimoniale par laquelle un homme et une femme s’engagent personnellement pour constituer entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la procréation et à l’éducation des enfants ». Le mariage devient alors une vie de partage d’un même sort, une communauté intime de joie, une communauté de biens matériels et spirituels. Tant dans la formation du mariage (consentement) que dans le déroulement de toute la vie conjugale, une place privilégiée est donnée à la relation entre individus et à l’amour.
2. Les fins du mariage : canon 1055
Le mariage est une institution naturelle. Il n’a pas été inventé par les hommes. Il est institué par Dieu qui l’a doté de lois propres, qui ne sauraient dépendre des caprices humains en général, encore moins d’une entente contraire des époux. Dans la définition qu’il donne du mariage, le canon 1055 parle également de ses finalités : une « communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants ».
Guidé par le Concile Vatican II, le nouveau Code ne traite pas de hiérarchie de valeurs dans les fins ou les biens du mariage. Le mariage y apparaît comme une communion profonde de vie et d’amour à réaliser par les conjoints dans le but de mieux accueillir et éduquer les enfants (cf. GS 48). Dans le mariage, il est donc question de deux ordres, celui de la procréation et celui de l’amour, mais qui ne sont pas subordonnés l’un à l’autre.
3. Les propriétés essentielles du mariage : canon 1056
Selon le pape Paul VI « l’unité et la stabilité sont les colonnes de l’institution familiale. Ces deux éléments sont indispensables pour la sauvegarde de l’institution familiale, pour la protection et l’éducation des enfants, pour la dignité de l’homme et de la société »[1]. Les propriétés essentielles du mariage sont donc les qualités qui le caractérisent et le déterminent (can. 1101 § 2) et qui sont : l’unité et l’indissolubilité. Ces éléments sont nécessaires et incontournables pour la pérennité de l’institution famille.
L’unité est la fidélité à une personne déterminée dans un mariage monogamique. On décide de s’attacher à une seule et non à plusieurs personnes. Et cela parce que le mariage chrétien ne peut être dissocié du mystère chrétien : l’union du Christ et de l’Eglise. L’unité du mariage est exclusive et rend illicite tout acte qui lui est contraire tel l’adultère et frappe de nullité tout lien valide successif (can. 1085 CIC 1983).
L’indissolubilité est la propriété par laquelle le lien conjugal valide ne peut être rompu. Elle exclut la possibilité de divorce. Elle rend perpétuel le lien et ni la volonté des époux, ni aucun autre motif excepté la mort ne peuvent le dissoudre (can. 1141 CIC 1983). La protection et la promotion de la foi des baptisés commande à l’Eglise de dissoudre des liens (cann. 1143 ; 1148). La loi suprême est le salut des âmes (cf. can. 1752 CIC 1983). Ainsi, pour des causes justes, en vertu du pouvoir que lui confère sa charge, le souverain Pontife peut dissoudre certains liens (can. 1142 CIC 1983).
L’unité et l’indissolubilité sont de véritables propriétés du mariage et non des accidents. Les exclure du consentement rend nulle l‘alliance matrimoniale. Malgré les dispositions de la loi en la matière, le divorce civil ne dissout pas le lien conjugal, de sorte que les divorcés ne peuvent pas contracter un nouveau mariage canonique valide du vivant du premier conjoint.