Retraite sacerdotale 2011 - 11 -

Second entretien du cinquième jour

« Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. » Ac 1,8.

Jésus ne dit pas ….« Tu seras mon témoin ! » mais « Vous serez…»

        Il n’a pas dit …« Va proclamer l'Évangile... ! » mais « Allez par le monde entier, proclamez l'Évangile à toutes les créatures...» Mc 16, 15.

        Dès les premiers moments de son ministère, nous voyons Jésus appeler plusieurs personnes à se mettre à sa suite et à devenir ensemble « pêcheurs d’hommes » comme lui-même le dit.

        Vous vous rappelez l’invitation  de Jésus lancée aux premiers disciples :

« Comme il passait sur le bord de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, qui jetaient l’épervier dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.

        Et Jésus leur dit : « Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Et aussitôt, laissant les filets, ils le suivirent.

        Et avançant un peu, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, eux aussi dans leur barque en train d’arranger les filets; et aussitôt, il les appela.

Et laissant leur père Zébédée dans la barque avec ses employés, ils partirent à sa suite. » Mc 1, 16-20.

        Progressivement, nous verrons Jésus s’entourer d’un groupe de disciples, femmes et hommes, qui ont tout quitté et qui marchent derrière lui.

        Plus tard, de ce groupe des disciples, Jésus en choisira douze pour former le noyau du Peuple de Dieu régénéré.

Ce groupe des disciples est pour  Jésus très important. Il est le noyau -témoin, le noyau signe du grand rassemblement qu’Il vient inaugurer.

Vous vous rappelez, chaque fois que les prophètes ont parlé des temps messianiques, ils en ont parlé en termes de rassemblement, de  communauté de nouveau réunie.

        D’un Israël divisé en deux royaumes, et puis dispersé à travers les nations,

Dieu en refera un peuple unique, nouveau, auquel s’adjoindront tous les autres peuples de la terre.

« Ainsi parle le Seigneur Yahvé : voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai. Comme un pasteur s’occupe de son troupeau quand il est au milieu de ses brebis éparpillées, je m’occuperai de mes brebis.

Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées au jour de nuées et de ténèbres.

Je les ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai des pays étrangers et je les ramènerai sur leur sol.

        Je chercherai celle qui est perdue,

        Je ramènerai celle qui est égarée,

        Je panserai celle qui est blessée,

        Je fortifierai celle qui est malade.

        Celle qui est grasse et bien portante, je veillerai sur elle.

        Je les ferai paître avec justice. » Ez 34,11-16.

        Puis Jésus va les initier aux secrets du Royaume.

        Il va leur expliquer les paraboles. Il va les introduire progressivement dans son mystère de relation avec son Père. Il va les initier à la vie fraternelle.

        Progressivement, il va les faire naître à la Vie Nouvelle qui vient leur offrir, qui est vie de famille, vie  de filles et de fils du Père, vie de sœurs et de frères.

        Il les fait naître à une nouvelle parenté spirituelle, encore plus fondamentale que la parenté naturelle.

« Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » Mt 12, 46-50.

        Le premier jour de la semaine, dans le jardin près du Golgotha, il dira à Marie de Magdala :

« Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Jn 20,17.

        Il les initie au pardon mutuel.

        « Alors Pierre, s’avançant, lui dit : « Seigneur combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois mais jusqu’à soixante-dix sept fois sept fois. » Mt 18, 21-22.

        Et cette parole est suivie de la parabole du débiteur impitoyable en Mt. 18, 23-35.

        Sur ce point, le « faites-cela et vous vivrez » que nous retrouvons à quatre reprises dans les évangiles est très éclairant.

        Ce n’est qu’en vivant un pardon, qu’on expérimente combien il n’est  pas de nous, mais plutôt combien nous sommes traversés par son pardon à Lui.

        Au fil des jours, Jésus va leur apprendre les bases de la vie fraternelle avec patience mais aussi avec humour.

        Rappelez-vous « la paille et la poutre. »

« Ne jugez pas afin de n’être pas jugés car du jugement dont vous jugez, on vous jugera et de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera pour vous.

Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ?

Ou bien, comment vas-tu dire à ton frère : « Laisse-moi ôter la paille de ton œil » et voilà que la poutre est dans ton œil !

        Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère. » Mt 7, 1-5.

        J’ai bien dit « avec patience » parce qu’ils partent de loin.

        Ils se situaient au centre; Jésus leur est apparu comme une occasion qui se présentait à eux pour se faire une carrière, un nom.

        Parce qu’au centre, les autres, leurs copains étaient vus comme des moyens pour leur réussite personnelle, mais aussi des rivaux, des menaces…

        Si nous jugeons si facilement, c’est que nous avons trouvé la mesure du mieux et du moins bien. Quand on cherche cette mesure, nous réalisons que bien souvent, c’est nous !

        Juger, c’est aussi connaître l’autre, le posséder, le chosifier…« Ne jugez pas….vous vous trompez toujours. » Si nous jugeons, c’est par rapport à qui, sinon à nous ? Nous nous faisons donc la norme !

        Qui est vieux ? qui est jeune ?…c’est la même chose.

« Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : tu ne tueras pas. Et si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal; mais s’il dit à son frère : « Crétin ! » il en répondra au sanhédrin; et s’il lui dit : « Renégat ! » il en répondra dans la géhenne du feu.

        Quand tu présentes ton offrande à l’autel, si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse-là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens et alors, présente ton offrande.

        Hâte toi de t’accorder avec ton adversaire tant que tu es encore avec lui sur le chemin de peur que l’adversaire ne te livre au juge et le juge au garde et qu’on en te jette en prison. En vérité, je te le dis : tu ne sortiras pas de là que tu n’aies rendu jusqu’au dernier sou. » Mt 5, 20-26.

 

        Pourquoi nous fâchons-nous ? Ce n’est pas toujours parce que la justice a été lésée…C’est souvent parce que mon moi-centre a été contrarié. Souvent, lorsqu’on fait appel à la loi, au règlement, à la coutume, à l'Évêque, nous dissimulons notre moi-contrarié au lieu de demander des lumières.

        En d’autres mots, si tu te sens blessé, lésé, frustré par l’autre, empresse-toi d’aller lui offrir ton pardon…fais le premier pas !

        « C’est la miséricorde que je veux…et non les sacrifices ! »

        Oui, la vraie réponse à l’amour reçu du Père, c’est de prendre cet amour et de le partager entre frères et sœurs.

« Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui, avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose : « Que veux-tu ? » lui dit-il. Elle lui dit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume. »

Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. » « Soit, leur dit-il, vous boirez ma coupe ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas d’accorder cela, mais c’est pour ceux à qui mon Père l’a destiné. » Mt 18, 20-23.

        Comme cette maman ressemble aux nôtres ! Et comme ces jeunes nous ressemblent ! Ce désir d’être en avant est si puissant en nous !

        Remarquons que le désir d’être toujours en arrière, à part, est une simple variante de ce même désir profond.

        Et je crois qu’il va nous tenailler jusque sur notre lit de mort…où on luttera pour vivre quelques heures de plus que notre compagnon uniquement pour avoir la satisfaction de dire que nous avons été le plus tenace, que nous l’avons enterré.

        Ici, encore, comme l’Agere Contra d’Ignace est éclairant…plonge dans l’Évangile; vis-le concrètement au raz du sol.

        …Tu te croyais fait pour ce poste important…personne n’a voté pour toi. Écris un petit mot de félicitations et d’encouragements à celui qui t’a devancé.

        Petit à petit, Jésus donnera une nouvelle orientation à la charge de l’autorité dont sont investis l’un ou l’autre de nos sœurs et de nos frères. À l’autorité – pouvoir de domination, pouvoir pour soi fera place l’autorité – service.

        Jésus d’ailleurs conseille beaucoup plus ceux qui sont en autorité que  ceux qui doivent obéir.

« Ils  vinrent à Capharnaüm. Une fois à la maison, il leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Eux se taisaient. Car en chemin ils avaient discuté entre eux qui était le plus grand. Alors s’étant assis, il appela les douze et leur dit : « si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. »  Mc 9, 33-35.

 

 Et Luc continue :

« Et Jésus, sachant ce qui se discutait dans leur cœur, prit un petit enfant, le plaça près de lui et leur dit : « Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille et quiconque m’accueille accueille celui qui m’a envoyé; car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand.»       Lc 9,46-48. // Mt 18, 1-4; Mc 9, 33-36.

        Quel service délicat que celui de l’autorité ! Mais aussi quel service ! Comme il faut aimer notre frère qui assume ce service ! Comme il est bon de l'entourer de notre délicatesse, de notre affection, de notre confiance et de notre totale collaboration !

        Au fil des jours, Jésus révélera le mystère profond de la petite communauté qu’il a rassemblée.

« De même je vous le dis en vérité, si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » Mt 18, 19-20.      

St-Jean, une fois de plus, nous révélera le grand désir de Jésus pour sa communauté naissance et pour son Église. Il veut en faire une communauté-témoin de ce qu’Il vit avec Son Père dans l’Esprit Saint.

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour. » Jn 15, 9-10.

« Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » Jn 15,12-14.

« Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » Jn 15,17.

Avez-vous remarqué ? Un même amour du Père vers le Fils, du Fils vers nous, et de nous vers le frère ou la sœur !

C’est son amour que nous nous offrons, que nous nous partageons.

Enfin, dans sa grande prière du chapitre 17 en St-Jean, Jésus prie explicitement pour nous qui avons cru grâce au témoignage des premiers apôtres.

« Je ne prie pas pour eux seulement mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un, comme toi Père tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé.

Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’Unité et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »  Jn 17, 20-23.

« Pour que le Monde croie ! »

Jésus désire tant que la communauté réunie autour de lui témoigne de la vérité de sa personne et de la puissance de son Salut.

Des hommes de toutes ethnies et langues qui se regardent et qui vivent comme des frères, quel signe de la force de l’Esprit ! Seule la puissance transformatrice de l’Esprit d’Amour de Jésus peut réaliser cela !

Une personne de par ses propres forces peut faire des merveilles. On peut l’admirer mais elle ne témoigne pas nécessairement d’un Autre.

Une fraternité, un presbyterium dans lequel les membres cherchent à s’accepter, à se respecter, à s’entraider, à s’entendre, à s’aimer, se pardonner, ne peut pas ne pas référer à un Autre…présent de façon mystérieuse mais bien réelle au milieu de lui.

Nous sommes ensemble tous invités à devenir signe-éclatant de la force transformante de la mort-résurrection du Christ.

Nos fraternités sacerdotales, nos communautés chrétiennes sont  le Royaume, le monde nouveau, en germe !

Une telle fraternité de trois, de quatre membres enfouie dans une quartier de la ville, dans une région, ne peut pas ne pas de proche en proche  transformer le monde où elle se situe.

Quelques orientations plus concrètes.

+ Cherchons toujours à porter sur notre fraternité un regard de foi.

Quelqu’un est au milieu de nous qui est plus grand que nous. Quelqu’un nous a rassemblé…il a même payé de sa vie pour que nous soyons ensemble. C’est à cause de lui que nous sommes ensemble, que nous sommes frères.

D’où il nous faut la respecter, notre fraternité, l’aimer car elle est portion du Peuple de Dieu, choisie par Lui pour être son témoin. Elle est corps du Christ. Chacun de nous sommes ses membres. Elle est temple de l’Esprit.

Avez-vous remarqué que dans les Actes, l’Esprit est donné à la communauté, non aux individus? Ces derniers ne le reçoivent que dans leur communauté.

Elle plonge ses racines dans le mystère même de la Trinité. Elle est un don de Dieu que le Seigneur nous a fait. Elle est même le sacrement de l’Unité du genre humain.

+ Portons un regard de foi sur chacun de ses membres.

Chacun est aimé d’une façon unique par Dieu. L'Esprit est à l’œuvre en chacun.

Il faut être capable de contempler dans l’autre une évangélisation réussie ou en voie de réussir. Il faut savoir s’émerveiller les uns des autres. Chacune de nos communautés est une terre sainte; chacun de ses membres aussi !

Mais soyons attentifs à ceci.

Une communauté n’est pas une juxtaposition d’individus semblables, une collection de personnes qui se ressemblent.

Une communauté ne peut exister que lorsque chacun des membres garde son originalité.

Unité et uniformité sont différentes. L’unité différencie et crée la pluriformité. L’uniformité, imposée, tue la vie.

La communauté présuppose l’originalité irremplaçable de chacun de ses membres. Le contact avec les autres signifie qu’on a d’abord contact avec soi.

Dans la Trinité, la différence entre les personnes est si grande qu’on ne peut en concevoir de plus considérables. Et pourtant leur unité est si intense qu’il ne peut en exister de plus intime.

Chaque membre d’une communauté a une mission unique très personnelle.

Personne ne peut sonder la profondeur du mystère qu’est chaque personne.

Ainsi, nous percevons ici que pour bâtir une vraie communauté, il faut accepter une certaine mesure de solitude profonde et inévitable. Cette vérité a deux dimensions : Pour bâtir une vraie communauté,

Je dois avoir le courage d’être moi-même, le courage de suivre ma conscience…et il y aura parfois un sentiment d’isolement.

Aussi pour rendre une fraternité possible, je dois accorder à l’autre le droit d’être lui-même.

Une amitié ne peut exister que par ce mystère que l’autre ne cessera jamais d’être et en laissant l’autre être différent.

Seul un respect profond de la permanence de ce mystère peut créer l’atmosphère dans laquelle une communauté peut grandir et s’épanouir.

Et n'oublions pas que chacun  a son rythme...qu'il nous faut respecter. Le point de départ de chacun dans son cheminement à la suite du Christ est tellement différent de l'un à l'autre.

Évitons de critiquer, de juger, de blesser...

+ Ma fraternité, c’est le premier lieu où j’apprends  à aimer, où je me donne, où j’accueille l’autre, où j’apprends à être disciple, à servir.

Si je passe au-dessus de ma communauté pour aller retrouver les autres au dehors, ce n’est plus alors de l’amour mais de la recherche de soi.

Chercher à connaître mon frère, à échanger, à m’ouvrir, savoir écouter l’autre plus que vouloir parler...mais pour cela, il faut savoir se donner du temps, prendre du temps ensemble, c'est essentiel.

Être ouverts, s’accepter différents, complémentaires…combien de fois nous nous heurtons à des positions apparemment irréconciliables alors qu’il faudrait respecter et la sienne et celle de l’autre parce qu’elles sont complémentaires et s'enrichissent mutuellement.

Prendre du temps pour être ensemble, pour échanger sur l’essentiel…

+ La communauté, un lieu de guérison, de croissance, de valorisation, un lieu où je grandis dans ma vocation de fils et de frère.

En entrant dans le presbyterium, nous venons avec nos richesses mais aussi nos blessures. Nous pouvons porter en nous de grandes souffrances…Nous avons lutté avec nous-mêmes si souvent seuls…

Au début de notre cheminement, nous manquons souvent de confiance en nous. Nous portons si facilement sur nous-mêmes un regard négatif.

Et il n’y a pas de guérison possible que s’il y a bonté, accueil inconditionnel, pardon…«  Nonglem la tiim ».

Nous avons tous à édifier des fraternités  à visage humain, fraternel…

Des délicatesses, de petites folies, des surprises…sortir ensemble, aller célébrer un anniversaire ensemble au restaurant…

       

Il nous arrivera de faire mal, de nous tromper…mais peut-on compter sur la compréhension des autres ? …Nous laissons-nous  la possibilité de nous tromper ?

« Si une mère nourrit et chérit son fils selon la chair, à combien plus forte raison devons-nous nourrir et chérir nos frères selon l’esprit. »

François d’Assise, rapporté par Eloi Leclerc dans Sagesse d’un pauvre p.94.

 

+ Ma fraternité, le premier lieu de mon action apostolique.

Nous avons à la transformer petit à petit en parcelle de Royaume.

Elle repose sur la responsabilité d’un chacun. Elle se fait par la volonté créatrice des personnes qui vivent ensemble.

Il faut incarner dans des détails jour après jour l’amour de Dieu.

+ Parce qu’elle est rassemblée autour du Christ, elle doit être ouverte sur le monde.

Elle doit se faire accueillante à tous les frères et sœurs qui se présentent. Elle doit être missionnaire, consciente de sa mission unique de témoin pour toutes les personnes de notre paroisse et de notre diocèse...

Solidarité et solitude vont ensemble…mais les deux sont au service d’un but plus élevé. La fraternité qui n’est pas centrée sur elle-même et sur ses propres soucis est la meilleure communauté.

Des fraternités - témoins pour le monde…

 

Pour la prière,

Je vous invite à regarder Jésus qui, au moment du dernier repas, se fait serviteur de ses frères. Jn 13,1-17.

Seigneur, apprends-nous la vie ensemble, la vie fraternelle, la vie ensemble ouverte sur le monde.

Seigneur, aide-nous à accueillir le mystère d’amour que nous formons.

Seigneur, aide-nous à le vivre avec respect.

Seigneur, merci pour ma communauté.

  

Texte pour prolonger la réflexion et la prière

« Le cheminement des disciples d'Emmaüs avait été difficile et lent. Mais soudain, il s'accéléra. < À cette heure même, ils partirent et s'en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons.> Lc 24, 33.

Les deux voyageurs avaient laissé les autres disciples à Jérusalem. Mais maintenant, qu'ils avaient rencontré le Seigneur Ressuscité, il leur fallait à tout prix retourner à la communauté qui était la leur. Un disciple ne peut pas cheminer seul. Comment pourrions-nous être les témoins authentiques du Dieu qui nous a tant aimés qu'il nous a donné son Fils unique Jn 3,16, si nous voulons aller notre chemin tout seuls? Comment pourrions-nous être en mémoire de Jésus pain rompu et partagé, si nous voulons prendre nos repas seuls et garder tout le pain pour nous-mêmes? Comment pourrions-nous être, pour nous une source constante d'inspiration, de soutien mutuel, d'amour? Et elle est, en même temps, le test constant de l'authenticité de notre vie de disciples de Jésus. Pourvu qu'elle soit, évidemment, une communauté missionnaire, une communauté toujours prête à partager l'espérance que lui donne sa foi dans le Christ Ressuscité. »

Pierre Simson, p. 149.

 

Le temps de cueillir les désirs du Seigneur sur moi pour aujourd'hui est arrivé

Comme nous l’avons souligné au début, ces journées  ne se sont pas voulues une parenthèse dans notre vie de disciple et de témoin.

Si elles se voulaient accueil de la Parole du Seigneur et de son projet sur nous, c’était en vue d’une vie encore plus authentiquement humaine, évangélique et apostolique.

Au cours de ces derniers jours, nous avons regardé le Seigneur, nous l’avons écouté, nous avons expérimenté sa puissance de salut. Nous avons été attentifs à ses signes dans notre prière afin que notre activité devienne toujours plus son activité à Lui.

Quelles sont ses Paroles qui m’ont le plus rejoint ?

Quels désirs m’a-t-il exprimé ?

Le moment est venu de tenter de recueillir, de recevoir le projet du Seigneur sur moi aujourd’hui, de l’accueillir et de passer à l’action...

« Fais cela et tu vivras  » Lc 10,28. le grand commandement de l’amour.

« Va et toi aussi fais de même. » Lc 10,37. le bon samaritain.

« Sachant tout cela, heureux êtes-vous si vous le faites. » Jn 13,17 au lavement des pieds.

« Faites ceci en mémoire de moi. » Lc 22,19 à la dernière scène.

Il est possible qu’après la prière, la réflexion, j’en arrive à cerner un nouveau vouloir du Seigneur sur ma vie, une nouvelle orientation...mais si c’est le cas, cela se prépare depuis longtemps...par exemple rejoindre une communauté monastique, m'offrir comme prêtre fidei donum

Il est plus probable que ce que je recueille cet après-midi et dans les jours qui viennent soit beaucoup plus une confirmation d’un choix que j’ai déjà fait ou encore un approfondissement, ou encore une insistance sur aspect  de ma vocation propre.

Pour certains, ce peut-être une confirmation d’une décision déjà prise dans les années passées…par exemple au moment d’une grande retraite ou d’une année de ressourcement.

Nous n’avons pas à faire fi de nos options et de nos décisions passées. C’est avec respect que nous devons nous les rappeler…

Nous avons à prendre au sérieux ces invitations que nous avons déjà reçues au cours de ces dernières années.

Confirmation ne signifie pas répétition. Il s’agit d’une adhésion plus consciente, plus réfléchie, plus libre à ce qui constitue l’essentiel, le cœur de ma vocation de disciple et de témoin, de prêtre et de pasteur au service de ma communauté, une prise en main plus personnelle d’une vocation dans laquelle nous n’avons jamais fini d’entrer.

Mais il est possible que sur un point ou sur un autre, que ce soit sur des plans plus particuliers comme l’obéissance-disponibilité ou encore la pauvreté-simplicité de vie ou la chasteté-consécration toute entière de ma personne au Christ Jésus et à tous mes frères et sœurs, j’aie noté un glissement, une reprise de ce que j’avais déjà donné…Alors la retraite peut être l’occasion d’un renouvellement de l’offrande de moi-même encore plus profond, un nouveau départ.

Il est possible aussi que j’aie découvert durant ces derniers mois un aspect nouveau de ma vocation de prêtre et qui m’apparaît aujourd’hui comme un appel plus particulier…le moment est peut-être venu de recevoir cet appel du Seigneur et de décider d’y plonger et d’y répondre.

De toutes les façons,  notre engagement n’est pas une chose faite une fois pour toutes. Nous devons le vivre et le renouveler chaque jour tout au long de notre existence. À cette condition, il sera vraiment l’engagement permanent d’un homme libre.

Cet accueil des ses désirs sur moi doit se faire dans la confiance. Notre fidélité n’est possible que si nous prenons Dieu pour appui. Elle est réponse à quelqu’un qui nous aime et qui nous accompagne.

Animés de cette confiance, appuyons-nous donc sur Dieu avec un cœur d’enfant qui ne dramatise pas les situations, qui ne se prend pas trop au sérieux, qui regarde davantage le Christ que soi-même, qui a un regard ferme sur celui à qui il a donné sa foi…et toute sa personne.

Ainsi soutenus par le Christ et encouragés par Lui, nous ne nous laisserons pas trop impressionner par les échecs, par les critiques, les incompréhensions ou encore par les incertitudes qui peuvent se trouver en moi.

Plus concrètement, trois questions peuvent guider ma démarche.

Quelle est l’invitation fondamentale que le Seigneur me lance ? Il s’agit de ma vocation fondamentale à l’amour…L’Esprit peut donner à cette vocation une couleur particulière pour moi.

Normalement je ne remets pas en question ma manière de vivre ma vocation fondamentale, i.e. mon état de vie. Mais quelles invitations me lance-t-il pour entrer davantage dans ma vocation de disciple et de témoin?

Quels moyens plus concrets prendre cette année pour réaliser au  mieux les désirs de Dieu sur moi ?

 

Points pour le lendemain

Quel chemin avons-nous parcouru jusqu’à maintenant ?

Nous nous sommes resitués au cœur de l’Amour tout-puissant du Père, du Fils et de l’Esprit. Nous avons refait l’expérience de son Amour miséricordieux dans le sacrement de réconciliation et nous avons senti monter du fond de nos cœurs un renouvellement de notre  disponibilité fondamentale entre ses Mains.

Puis le Seigneur Jésus nous a invités à le joindre dans sa Mission d’établissement du Royaume, à devenir ses disciples et ses témoins au cœur de notre monde. Mais comment ? Après l’avoir contemplé et écouté sa Parole nous avons perçu qu’il nous invitait à une vocation bien particulière.

Avant d’aller témoigner de ce que nous avons vécu dans cette rencontre avec le Seigneur, il nous reste une étape à franchir, c’est celle de commencer à vivre notre remise de nos personnes entre ses mains…vivre pour le Père en Jésus.

Nous avons vu, écouté, expérimenté…maintenant nous allons agir …ou communier à l’Acte du Christ. Nous allons consentir, avec notre existence propre, à passer dans la Vie que le Christ nous octroie, et à accepter de participer plus consciemment à l’élaboration du Royaume.

Pour la prière de demain matin, je vous suggère de vivre avec Jésus, en Lui, la dernière Cène, de vous associer à lui dans le don qu’il fait de sa personne en signe d’amour à son Père pour le salut de toute l’humanité…Mt 26,26-29.

L'heure est venue...l'heure vers laquelle la vie et le ministère de Jésus étaient orientés, l'heure de la révélation suprême du Père par Jésus, l'heure de l'amour jusqu'à l'extrême...

L'heure de Jésus commence par un repas, célébré dans le contexte de la Pâque. La communauté de table était très importante pour Jésus. Elle était pour lui comme le « sacrement » de l'immense tendresse  et compassion du Père.

Nous ne sommes pas surpris que Jésus ait choisi de passer les dernières heures de liberté qui lui restaient à partager un repas avec ses disciples. Plus que jamais, il voulait qu'ils se sentent comme toujours acceptés, respectés, aimés quoiqu'il arrive.

Il prépare le lieu où il veut célébrer son dernier repas, le dernier d'une longue chaîne de repas...mais ce repas est aussi unique.

Il venait couronner tous les autres repas. Il accomplissait tout ce que Jésus avait voulu accomplir depuis le début de son ministère. Il accomplissait tout ce qui était promesse dans la communauté de table quotidienne de Jésus...Mon corps, mon sang pour vous. Jésus voulait au nom du Père rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés ( Jn 11,52 ).

Le moment approchait où il allait donner sa vie pour ses frères Il allait les aimer jusqu'au bout Jn 13,1. Déjà dans la chambre haute, il s'offrait à être pain rompu et partagé pour la vie du monde afin que le Royaume de Dieu devienne réalité, un Royaume de justice, de paix, de pardon, le Royaume de Abba.

« Je donne ma vie quand je veux. Je la reprends quand je veux. »

Entendons les paroles que Jésus prononce sur le pain et sur la coupe de vin.

« Ceci est mon corps donné pour vous ».

« Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, versé pour vous…»

Arrêtons-nous  longtemps au don libre que Jésus fait de lui-même. C’est toute sa vie…ses forces…jusqu’aux dernières de ses sueurs, jusqu’aux dernières gouttes de son sang qu’il remet…« donné pour vous…versé pour vous…».

Y a-t-il amour plus radical ? Nous sommes invités à prendre notre réponse à l’invitation que nous  fait le Seigneur à devenir en Lui témoins et artisans du Monde nouveau, le Royaume…et de nous  remettre avec Lui au Père.

« Pour vous et pour la multitude…»

Jésus sait que le don de sa vie, ce n’est pas uniquement pour ses frères juifs, pour ses contemporains mais pour la multitude…

Il aime le monde jusque là…ce monde qui l'ignore, qui lui tourne le dos, qui le combat, qui veut le faire disparaître...

Quelle est la qualité de mon amour pour  mes frères et sœurs au milieu desquels je suis envoyé ?…jusqu’où suis-je prêt à les aimer ? Suis-je prêt à donner de mon temps, de mes forces, de ma santé…Suis-je prêt à plus pour que le monde vive?

« Prenez et mangez; prenez et buvez »

Communier aujourd’hui au corps et au sang du Christ, c’est manifester que je suis d’accord avec ce Jésus. Plus que cela, c’est m'unir à son Sacrifice. C’est accepter d’aimer jusque là avec Lui…C’est accepter de mourir pour la multitude…

On comprend que si aujourd’hui nous pouvons avoir le courage d’aimer, la folie d’aimer au point de donner notre vie, c’est qu’un autre nous a précédé…c’est qu’un autre nous anime.

« Faites ceci en mémoire de moi…»

« Jésus leur confiait son testament. Il voulait qu'ils se souviennent de lui, qu'ils fassent mémoire de lui, de sa mission, de son enseignement; un souvenir, une mémoire qui trouverait expression en particulier dans les communautés des disciples, dans un repas en mémoire du dernier repas de Jésus...ils célébreraient ainsi Jésus, sa personne, sa mission et le couronnement de sa mission par sa passion, sa mort et sa résurrection.

Mais cette célébration n'est pas seulement rappel du passé. Elle demande des membres de chaque communauté le renouvellement de leur engagement à suivre Jésus, à continuer sa mission, à être comme Jésus l'a été artisans d'unité, constructeurs de ponts, à être des disciples qui comme Jésus accueilleraient les pécheurs et mangeraient avec eux...Le Christ de l'Eucharistie ne peut pas ne pas nous inviter à poursuivre sa mission.

Nous devons être dans le monde comme Jésus lui-même l'était, serviteurs et témoins du Royaume de Dieu, le Royaume de l'Abba, serviteurs infatigables de l'immense tendresse et compassion de Abba pour le monde. »

Pierre Simson, « Le cheminement des disciples au fil des évangiles. » p.177-178.

Reprenons notre réponse à son invitation et avec Lui disons au Père…

« Ceci est mon corps …donné au Père pour vous. »

« Ceci est mon sang … versé pour vous…»

Et ce soir ou demain dans la journée, nous pourrions relire sous forme de Lectio Divina les chapitres 13 à 17 de St-Jean.

Ces dernières paroles de Jésus sont fortement centrées sur la « relation » qui doit lier les disciples à Jésus, et par Lui au Père, et la relation qui doit par conséquent les lier les uns aux autres. Et il termine son message à ses disciples par une longue prière à leur intention.

Cette prière, il l'adresse à son Père...un véritable cœur à cœur avec son Père.

Dans cette prière, ses disciples sont au centre de ses préoccupations...23 versets sur 26 parlent d'eux.

Comment les considère-t-il? Le verbe « donner » revient 15 fois dans le chapitre...tout est don du Père mais le plus grand don que Jésus a reçu du Père, ce sont ses disciples, « ceux que tu m'as donnés », sept fois dans le chapitre. Les disciples, tous les disciples, sont le cadeau du Père à Jésus, ils appartiennent à Jésus.

Tout ce qu'ils sont, tout ce qu'ils vivent concerne Jésus, concerne le Père. Écoutons longuement ces Paroles...elles peuvent changer radicalement la vision que nous avons de Dieu, de nous-mêmes, des membres de nos communautés et familles. Elles nous amèneront à adorer l'amour avec lequel Dieu nous embrasse. Elles empliront nos cœurs de gratitude, de confiance sans limite, de joie profonde.

Dans la prière nous y trouvons trois préoccupations majeures : la relation que les disciples devront avoir avec le monde, la relation qu'ils devront avoir avec les uns et les autres et enfin la volonté de Jésus de voir ses disciples rassemblés autour de lui dans la maison du Père.

Je veux simplement souligner dans la ligne de sa deuxième préoccupation combien Jésus voyait l'unité entre tous ses disciples comme le témoignage le plus important qu'ils puissent donner au monde.

« Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi

soient un en nous afin que le monde croie que tu m'as envoyé. » Jn 17,21.

 

Texte pour prolonger la prière

 

Lettre de Adnan Makrani à son frère Ragheed assassiné.

Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux

Rome, le 4 juin 2007

Mon frère Ragheed,

Je te demande pardon, mon frère, de n’avoir pas été à tes côtés lorsque les criminels ont ouvert le feu sur toi et tes frères, mais les balles qui ont transpercé ton corps pur et innocent m’ont aussi transpercé le cœur et l’âme.

Tu étais l’une des premières personnes que j’ai connues à mon arrivée à Rome, dans les couloirs de l’Angelicum où nous avons fait connaissance et nous avons pris notre Cappuccino ensemble dans la cafétéria de l’université. Tu m’avais épaté par ton innocence, ta gaieté, ton sourire tendre et pur qui ne te quittait guère. D’ailleurs, je ne peux t’imaginer que souriant, heureux, plein de joie de vivre. Ragheed pour moi est l’innocence incarnée, une innocence sage qui porte dans le cœur les soucis de son peuple malheureux. Je me souviens du temps où nous étions dans la cantine de l’université au temps où l’Irak était sous embargo; tu m’avais dit que le prix d’un seul Cappuccino pouvait combler les besoins d’une famille irakienne pour une journée entière, comme si tu te sentais en quelque sorte coupable d’être loin de ton peuple assiégé et de ne pas partager ses souffrances… Te voilà de retour en Irak, non seulement pour partager avec les gens leur lot de souffrance, mais aussi pour mêler ton sang à celui des milliers d’Irakiens qui meurent au quotidien. Je ne pourrais oublier le jour de ton ordination à l’Urbaniana… Les larmes aux yeux, tu m’avais dit: "aujourd’hui, je suis mort pour moi"…une phrase bien dure…

Sur le coup, je ne l’avais pas bien saisie, ou peut-être ne l’avais-je pas prise au sérieux comme il le fallait… Pourtant, aujourd’hui, par ton martyre, je l’ai comprise, cette phrase…tu es mort dans ton âme et dans ton corps pour ressusciter dans ton bien-aimé et ton maître, et pour que le Christ ressuscite en toi, malgré les souffrances et les tristesses, malgré le chaos et la démence.

Au nom de quel Dieu de la mort t’ont-ils tué ? Au nom de quel paganisme t’ont-ils crucifié ?...Savaient-ils vraiment ce qu’ils faisaient ?!

Nous ne te demandons pas, O Dieu, vengeance ou revanche, mais victoire…victoire du juste sur le faux, de la vie sur la mort, de l’innocence sur la perfidie, du sang sur l’épée…Ton sang ne sera pas vain, cher Ragheed, car il a sanctifié la terre de ton pays…et ton sourire tendre continuera à illuminer du ciel les ténèbres de nos nuits et à nous annoncer des lendemains meilleurs…

Pardon, mon frère, mais lorsque les vivants se rencontrent ils croient avoir tout le temps pour converser, se rendre visite et dire leurs sentiments et leurs pensées…Tu m’as invité en Irak…j’en rêve toujours…pour visiter ta maison, tes parents, ton bureau…Je n’avais jamais imaginé que ce serait ta tombe que je visiterai un jour ou des versets de mon Coran que je réciterai pour le repos de ton âme…

Un jour, je t’ai accompagné pour acheter des souvenirs et des cadeaux à ta famille à la veille de ta première visite en Irak après une longue absence. Tu m’avais parlé de ton travail à venir. "Je voudrais régner sur les gens sur base de la charité avant la justice", m’avais-tu dit. Il m’était alors difficile de t’imaginer en "juge" canonique…Mais voilà qu’aujourd’hui ton sang et ton martyre ont dit leur mot, verdict de fidélité et de patience, d’espoir contre toute souffrance, et de survie malgré la mort, malgré le néant.

Frère, ton sang n’a pas été versé en vain… et l’autel de ton église n’était pas une mascarade… Tu avais pris ton rôle au sérieux, jusqu’au bout, avec un sourire que rien n’éteint…jamais. Ton frère qui t’aime,

Adnan Makrani 

Professeur d’islamologie à l’Institut d’études des religions et des civilisations, Université grégorienne pontificale, Rome.

Textes bibliques pour prolonger la prière…

1 Jn 1,1-3; Lc 2,10-12; 4,42; 8,19-20; 9,28; 11,27-28 ; Mt 6,6-13; 11,25; 6,7; 7,7-11; 19,27-28; Mc 1, 35-38; Jn 4,31-34; Jn 6,38-40; Jn 15,9.

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