Le 1er décembre 2019, le monde entier à travers les médias a pu suivre une messe présidée par le Pape Francois dans la basilique Saint Pierre de Rome, messe célébrée avec la communauté congolaise et selon le rite zaïrois du Missel Romain : chants, danses, cris de joie, dialogue exclamatif avec le président de la célébration etc. Plus d'un ont été touché dans leur sensibilité personnelle. Mais c'est ainsi : Jésus est accepté, aimé et adoré diversement. Heureusement que l'Église en est consciente et donne la possibilité d'ouverture à la célébration liturgique basée sur la force positive de la culture.
Notre culture est la Source de laquelle jaillit la sève qui alimente tous les éléments pouvant combler notre désir de salut. C'est la raison pour laquelle dès la réception de l'Evangile dans les terres de mission, particulièrement celles d'Afrique et d'ailleurs, le besoin, de vivre une foi catholique enracinée dans la culture, s'est rapidement senti. Ceci est tellement important qu'il permet de voir l'universalité de la Révélation et de donner un visage approprié à ce Jésus de naissance juif mais de divinité grec, romain, arabe, burkinabè, tchadien, amazonien, chinois, algérien etc.; un Jésus au visage universel, qui permet de ce fait d'admirer
la beauté de ce visage multiforme de l'Église
pour emprunter les mots de Saint Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Novo millennio Ineunte n.40.
La Constitution sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Consilium du Concile Vatican II, dans son numéro 37 ne dit-elle pas tout aussi clairement que
l'Église, dans les domaines qui ne touchent pas la foi ou le bien de toute la communauté, ne désire pas, même dans la liturgie, imposer la forme rigide d'un libellé unique : bien au contraire, elle cultive les qualités et les dons des divers peuples et elle les développe; tout ce qui, dans les moeurs, n'est pas indissolublement lié à des superstitions et à des erreurs, elle l'apprécie avec bienveillance et, si elle peut, elle en assure la parfaite conservation; qui plus est, elle l'admet parfois dans la liturgie elle-même, pourvu que cela s'harmonise avec les principes d'un véritable et authentique esprit liturgique.
Le rite zaïrois du Missel Romain, rite propre des diocèses du Zaïre, approuvé par la Congrégation pour le Culte divin depuis le 30 avril 1988 sous l'appellation "Missel Romain pour les diocèses du Zaïre" était jusqu'à présent inconnu. Pour donner plus de visibilité et préciser le fondement d'un tel rite, sa Sainteté le Pape Francois a accepté de préfacer un document à cet effet. Ce document est intitulé : Papa Francesco e il "Messale Romano per le diocesi dello Zaire" A cura di Rita Mboshu KONGO.
Ceci confirme que la foi vécue selon la culture, indubitablement, a plus de force que celle reçue et vécue selon des cultures autres. Ce qui ne signifie pas non plus qu'il soit possible de tout réinventer. C'est plutôt l'affirmation d'un monde capable de cohabiter, de sentir en profondeur la même vérité divine même si le mode de vivre cette réalité est propre à chacun.
Puissions-nous apprendre de cette expérience à vivre notre foi catholique en l'enracinant dans nos cultures et tout en étant capables de garder inchangé le noyau dur transmis à l'humanité par Jésus.