Interview avec M. Alfred GOUBA, représentant du gouvernement du Burkina Faso

Les évêques de la Conférence Épiscopale Burkina Niger ont effectué leur Visite Ad Limina Apostolorum du 20 au 31 mai 2018 à Rome. A la fin de leur visite, ils ont effectué un pèlerinage à Lampedusa, ville italienne, par l'entremise de San Egidio, pour saluer l’effort de ceux qui accueillent les migrants et rappeler la nécessité de bien traiter les migrants à ceux qui manquent de sollicitude humaine à leur endroit. L’Etat du Burkina Faso a envoyé un représentant du Gouvernement pour accompagner les évêques donc à Lampedusa. Il s’agit du Secrétaire d’Etat chargé de la décentralisation au Burkina Faso, M. Alfred GOUBA.

 

Batinmonde :
Nos évêques sont en Visite Ad Limina ici à Rome depuis le 20 mai et à la fin de leur visite ils sont allés en pèlerinage à Lampedusa. Et pour cette dernière étape, M. Le Président du Faso vous a délégué pour le représenter et représenter tout le peuple burkinabè pour venir assister justement les évêques. Est-ce que vous pouvez nous donner ici la synthèse du message que vous avez eu à livrer à cette occasion ?


M. Alfred GOUBA :
Le message que nous avons livré au niveau du Pèlerinage de la part du Gouvernement c’est d’abord un message de remerciement de la Conférence Episcopale Burkina-Niger pour cette initiative de faire un pèlerinage dans cette île qui est d’une certaine renommée au regard des actualités qu’elle vit pratiquement tous les jours. 
Ensuite le message a porté sur la nécessité de donner un autre visage à ce monde là ; parce que les jeunes effectivement pensent que le bonheur se trouve de l’autre côté de la mer, c’est-à-dire en Europe. Et il faudrait que les jeunes apprennent à compter d’abord sur ce qu’ils ont au niveau local, ce qu’ils ont au niveau de leur pays. Ne pas chercher coûte que coûte à aller à l’aventure. 
Et enfin, à l’instar de ce que le Pape a lancé comme message au niveau de cette île lors de son premier voyage pontifical, nous avons emboité la même philosophie, la même vision du Pape. Pour demander de faire en sorte que même si ces situations arrivaient, que l’on ait un visage plus humain à l’endroit de ces migrants. De leur accorder une certaine dignité lorsqu’ils sont récupérés ou interceptés par certaines associations ou certaines autorités.


Batinmonde :
Si l’état burkinabè a voulu mandaté quelqu’un pour venir assister les évêques, cela dénote de quelque chose par rapport aux relations de l’état avec les évêques du Burkina Faso ? Que pouvez-vous en dire ?


M. Alfred GOUBA :
Non. Je voudrais dire que vous savez que le Burkina Faso est un pays laïc et au niveau du Burkina nous accordons la même importance pratiquement à toutes les communautés (religieuses). Ce n’est pas rare que vous voyez un membre du gouvernement aller par exemple lors des Mouloud chez les musulmans, ou aller à la Noël chez les catholiques ou les protestants. Ces communautés religieuses accompagnent souvent le gouvernement dans certaines actions. Lorsque ces confessions religieuses ont des activités purement religieuses, on les accompagne aussi. Ce voyage là donc c’est pour témoigner à la Conférence Épiscopale tout le soutien du gouvernement, tout le soutien de l’état pour ce qu’elle fait.


Batinmonde :
Le problème fondamental est l’émigration pour le Burkina et l’immigration pour l’Italie ; est-ce qu’au niveau de l’Etat du Burkina Faso il y a des initiatives pour freiner un peu le fléau ?


M. Alfred GOUBA :
Oui bien sûr, il faut reconnaître qu’on a connu quelques situations, notamment à partir de la Lybie, d’où on a été obligé de rapatrier un certain nombre, un nombre important au niveau du pays. Ce qui est fait, c’est la sensibilisation ; il faut qu’on fasse comprendre aux jeunes que leur avenir se trouve aussi au niveau du pays, du Burkina. C’est pourquoi le gouvernement a depuis un certain temps un certain nombre de fonds pour permettre à la jeunesse qui veut entreprendre de monter des projets et de venir demander de l’argent pour aller s’installer. Il y a quand-même cinq ou six fonds où les jeunes, les femmes peuvent aller prendre de l’argent, faire quelque chose pour s’auto-suffir. Il y a les associations de la Société Civile qui essaient à travers des activités de faire en sorte que les jeunes n’aillent pas trop à l’aventure.

Batinmonde :
Maintenant vous avez un dernier mot ? Quelque chose – qui vous tient à cœur – à donner à toute la population du Burkina Faso ? 


M. Alfred GOUBA :
Ce que nous avons vu et les témoignages que nous avons entendu dans cette île de Lampedusa est très touchant ; parce que vous voyez des gens qui accueillent des migrants, qui le font vraiment sans intérêt, ils ne sont pas payés et qui font en sorte qu’on puisse les mettre dans des conditions assez humaines, sinon très humaines. En retour ce qu’elles veulent c’est qu’on puisse les accompagner dans la sensibilisation pour qu’on traite avec un visage plus humain ces migrants-là. Comme je l’ai dit tantôt, avec l’aide de Dieu on parviendra à faire en sorte que les jeunes ne soient pas trop tentés par l’aventure.

 

Abbé Augustin BASSOLE
Rome

 

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