Les écrits Johanniques - 18 -

V. Analyse du texte suivant le plan retenu

         Nous faisons une lecture globale non pas une analyse détaillée, verset par verset, même s’il est vrai que certains points font l’objet d’une investigation plus profonde que d’autres.

 

LE PROLOGUE  DE L’APOCALYPSE : Ap. 1,1-8

         Nous nous inspirons de la structure suivante

1.  le titre : 1, 1-3

2.  l’adresse : 1, 4-8

2.1 Salutation et Bénédiction : 4-5a

2.2 La liturgie : 5b-8

      * la séquence : 5b-6 : strophe

      * la séquence : v.7 : l’antistrophe

      * la séquence : v.8 : l’épode : Jésus Christ, l’Alpha et l’Oméga, LE VIVANT.

1. LE TITRE : vv. 1-3

         L’Apocalypse commence avec les mots : « révélation de Jésus-Christ » qui mettent au premier plan ce qui va être le contenu unique et exclusif du livre, à savoir la révélation de Jésus Christ au cours de l’histoire.

         a. -les termes de la révélation. L’auteur est Dieu le Père. L’objet des confidences qui vont être faites est connu de lui seul, et de ceux à qui, partiellement, il les fait connaître. Du fait de l’incarnation, Jésus Christ est l’intermédiaire obligé de cette révélation dont il n’est que le dépositaire, lui qui ne fait rien qu’il n’ait vu faire par le Père et ne dit aucune parole qu’il n’ait entendue du Père (cf.  Jn 5, 30 ; 14, 10 ; 17, 8). C’est lui donc le révélateur par excellence du Père. Voilà qui fait de l’Apocalypse une Parole de Dieu transmise aux hommes par Jésus christ.                                                                                                                                                        

        -Les destinataires de la révélation sont les serviteurs, les esclaves de Dieu : des hommes et des femmes travaillant à son œuvre (Cf. Is. 42,1). La révélation concerne donc tous les croyants de toutes les Eglises. Elle veut guider leur existence de sorte que leur conduite se modèle sur celle du Christ.                                                                                                                                 

        -L’objet de l’écrit est : « ce qu’il faut (dèi) qu’il advienne » c’est- à- dire ce qui est inévitable.                        

         Dans ses grandes lignes, le cours de l’histoire est fixé par le projet salvifique de Dieu qui en pose lui-même le terme. Cependant, il n’y a pas de déterminisme à la manière grecque (l’anakè), ni de condition tragique de l’existence. Le terme de l’histoire est ouvert à une espérance fondée, le cours événementiel des choses étant soumis à la liberté des hommes et dépendante de la providence divine. Les chrétiens doivent connaître les grands jalons de l’histoire et de l’existence des hommes afin de marcher correctement.                                                               

         Les points de repère sont l’incarnation et la mort rédemptrice du Christ par lesquelles s’accomplissent le salut et l’histoire. « Ce qui doit s’accomplir », est sans doute la mort du Christ en laquelle se réalise de manière définitive et totale le mystère de Dieu pour le salut des hommes. Cet accomplissement en tant qu’expression de la volonté toute-puissante de Dieu revêt le caractère de nécessité absolue impliqué dans le texte (dei : doit, cf. 1, 1 ; 4, 1 ; 22, 6)    

         b. Jean se présente dans le prologue, et régulièrement dans la suite comme le « destinataire-messager » humain de la révélation. En cette qualité, il reçoit l’ordre d’écrire, c’est-à-dire d’enregistrer ce qu’il voit et entend (1, 11. 19 ; 14, 13 ; 19, 9…) et c’est à cause de sa fonction qu’il se considère comme un prophète, un frère des prophètes (19, 10 ; 22, 9). Dans l’exercice de cette fonction prophétique, Jean est d’abord complètement subordonné, assujetti aux anges : il en écoute les conseils, en exécute les ordres, il en accueille les explications, il pousse même sa vénération à leur égard jusqu’à vouloir les adorer (19, 10). Les vérités contenues dans les visions lui parviennent à travers le commentaire des anges.    

         Mais il y a une situation différente et meilleure, où, par rapport à la révélation, il est placé au même niveau que les anges, sinon plus haut : dans la scène que décrit le prélude des lettres (vision du Fils d’homme : Apoc 1, 9-20), la révélation se communique immédiatement du Christ à Jean. Il s’agit là d’une révélation supérieure qui peut éclairer les anges eux-mêmes sur certains points.                                                                                                                             

        Ces deux situations prophétiques de Jean reflètent les deux phases principales de la révélation de Jésus Christ : la phase de l’économie ancienne (où les anges étaient médiateurs) et celle qui s’est réalisée avec la venue de Jésus Christ et qui se prolonge par sa présence à l’intérieur de la communauté.

A travers Jean est présentée la situation de l’homme dans l’une ou l’autre phase. Dans la première, Jean est sûrement un prophète, doué de l’Esprit de prophétie (cf. 19, 10), cela ne l’habilite pas cependant à communiquer la révélation, même si le contenu en est déjà fixé (10, 4). Distinction est faite entre lui et la communauté chrétienne. Dans la seconde phase, il demeure toujours un prophète doué de l’Esprit de prophète (1, 10). Mais, il n’ y a plus de distinction entre lui et la communauté : anges, prophètes et croyants sont à égalité (22, 9). La révélation de Jésus advient désormais sans médiation angélique et elle se produit au sein de la communauté (lors des assemblées liturgiques, par exemple cf.  1, 10 ; 22, 16).

         Le problème de la médiation entre Dieu et l’humanité s’avère l’un des plus importants à l’intérieur de l’Apocalypse. Cette préoccupation transparaît dès les premiers versets et constitue l’objectif fondamental du septénaire des lettres, en particulier de son prélude (la vision du Fils d’homme) ; elle commande aussi la description finale de la Jérusalem nouvelle où le problème de la médiation est résolu dans la vision d’une « convivence »  harmonieuse de Dieu et des hommes, obtenue par la personne et le sacrifice du christ (l’Agneau).                                                                                                                                                                        

         c. La dernière phrase de l’intitulation proclame heureux les témoins qui lisent et gardent les paroles de la prophétie. Ainsi, le titre général s’épanouit en une béatitude, la première des nombreuses autres qui jalonnent l’ensemble du livre (14, 9 ; 20, 6 ; 22, 7 et 22, 14…).

         Lire et écouter l’Apocalypse sont source de bonheur car le temps (kairos), le moment est proche. Le kairos est le moment où Dieu se rend présent et se manifeste aux yeux des fidèles. Les moments sont marqués par les interventions de Dieu qui transforme le temps des hommes en une histoire de salut. Le temps est évoqué quatre fois (2, 21 ; 6, 11 ; 10, 6 ; 20, 3) et le moment sept fois (cf. ici et 11, 18 ; 12, 12 ; 12, 14 ; 22, 10) : le temps est une réalité humaine tandis que le moment signifie la présence du Dieu de l’Alliance.

         La prophétie vient de Dieu pour qui mille ans sont comme un seul jour (cf. Ps 90, 4). Depuis la mort de Jésus Christ, « tout est consommé » (Jn 19, 30) et le Royaume est devenu tout proche de nous. Le moment du Royaume est là ; mais il se vit dans un temps douloureux. C’est dans cette situation que l’Apocalypse veut apporter bonheur, réconfort, espérance tout en provoquant à un agir fidèle et persévérant. Il ne suffit pas de lire ou d’écouter la parole prophétique, il faut encore la garder, c'est-à-dire la mettre en pratique.

         Soulignons, pour finir, le caractère liturgique du titre. L’enchaînement des personnes citées (Dieu, Jésus Christ, les signes, l’ange de la foi, Jean, le lecteur, les auditeurs) dicte en effet les attitudes propres à la liturgie de la Parole. La Parole suit un chemin qui descend vers nous. Dieu parle et les médiateurs transmettent la Parole ; et les auditeurs écoutent et acquiescent à la Parole entendue par leur « Amen » (22,20).

2. L’ADRESSE : vv. 4-8

         L’adresse comporte la mention des destinataires, et le souhait « grâce et paix » qu’on trouve habituellement dans les lettres de Paul et de Pierre, ainsi que l’action de grâce. Mais tandis que Paul adresse son souhait de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus (Rm 1, 7 ; 1 Co 1, 3 ; 2 Co 1, 2 etc.), le texte actuel de l’Apocalypse sépare la mention du Père et celle du Fils par celle des « sept esprits » où certains croient reconnaître l’Esprit Saint dans sa plénitude.

Le Père reçoit une désignation à trois termes (puisqu’il est Dieu), développant le Nom divin Yahweh révélé à Moïse (Ex 3, 14) : « Il est, Il était et Il vient ». Ainsi sont évoqués la permanence (Il est), l’éternité (Il était) et le retour (Il vient) toujours imminent pour la foi du chrétien, qui sait que son Dieu est toujours proche (Ps 119, 151) de tous ceux qui l’invoquent (Ps 145, 18). 

Mais c’est surtout la mention de Jésus qui prend un développement (à trois termes, évidemment puisqu’il est Dieu) en rapport avec le rôle de premier plan qu’il va jouer dans tout le livre. Il est :

-le Témoin fidèle, c'est-à-dire digne de foi, de confiance totale. Jésus est par excellence le témoin du Père (Jn 3, 11-13. 31-32). Il atteste la fidélité inébranlable de Dieu (Ps 117, 2 ; 1 Co 1, 9) à son Alliance (Ps 89, 29 ; 2 Tm 2, 13) et à la promesse faite à David (2 Sam 7, 1-17 ; Ps 89). Il est le « Oui de Dieu (2 Co 1, 20).

- Le Premier-né d’entre les morts (Col 1, 18).

 

- Le Souverain des rois de la terre, (citation large de Ps

 89, 28), celui qui est bien au-dessus de Domitien ou de Néron. Cela avait déjà été annoncé à propos du fils de David : Ps 72, 11. 

 

Vient ensuite le rappel de son œuvre, sous forme de doxologie, c'est-à-dire de proclamation de gloire (en grec doxa) :

        A Celui qui nous aime, qui nous a déliés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume, des prêtres pour Dieu son Père, à lui gloire et pouvoir pour les siècles des siècles. Amen !

Le thème du livre est exprimé au verset suivant, qui cite plusieurs textes de l’ancien Testament : Voici qu’il vient avec les nuées (Dn 7, 13), et tout œil le verra, même ceux qui l’ont transpercé, et se battront la poitrine à son sujet toutes les tribus de la terre (Za 12, 10).

La pensée, au début de l’adresse, s’était portée sur « Il est », puis sur Jésus. Elle remonte maintenant,  comme dans la  Prologue du Quatrième Evangile, vers le Père de qui tout procède et vers  qui tout remonte :  «  Je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le seigneur Dieu, celui  qui est, qui  procède qui vient, le Pantocrator. » L’Alpha et l’Oméga, la première et la dernière lettre de l’Alphabet grec, évoquent Dieu comme origine et but de toute création. On s’étonnera de ne pas trouver ici, puisqu’il s’agit de Dieu, une énumération à trois termes. De fait, primitivement le texte comprenait bien trois termes : Alpha, Oméga, Pantocrator. C’est le rédacteur final qui a inséré ici, de nouveau, la formule du verset 4 : « Il est, Il était et Il vient. »

Traditionnellement, on subdivise l’adresse en deux parties distinctes.

         La première est un salut et une bénédiction de la part de Dieu-Trinité (v.4-5a). La seconde est une courte liturgie dans laquelle le choryphée développe l’action de Dieu passée en Jésus Christ (la strophe de 5b-6), puis son action imminente (antistrophe du v. 7). A chaque fois, l’assemblée répond par un assentiment croissant, par un Amen, puis oui, Amen ! L’épode (v.8) fait inclusion avec le salut initial.

         En somme les éléments de l’adresse nous offrent des airs d’entrée en communion eucharistique. Nous trouvons le président (4-5a)  et en face les fidèles dont un premier chœur lui répond (5b-6) puis un second (v.7) tandis que l’assemblée proclame sa foi. Le président enfin termine en articulant la parole et la présence de Dieu (v.8).

 

2. 1.  Salut et bénédiction : vv. 4-5a

         Le nom de l’auteur est donné : Jean (cf. 1, 1. 4. 9 ; 22, 8).  Tout à la fois, le rédacteur humain de l’Apocalypse s’affirme et s’efface.

         L’écrit est destiné à sept Eglises qui sont en Asie. Le chiffre 7 montre qu’il concerne tous les fidèles du Christ qui sont dans le monde entier. Le ton est cultuel et permet de penser à une lecture à faire au cours d’un rassemblement eucharistique. Le célébrant salue donc l’assemblée par un vœu : « Grâce et paix vous soient données ».

         Les fidèles issus du paganisme sont culturellement plus portés à utiliser le souhait de « grâce », alors que « la paix » est quotidienne dans les salutations sémitiques. L’auteur de l’Apocalypse sait donc s’adapter à la mentalité, à la culture des uns et des autres d’une manière chaleureuse.

Grâce et paix ne peuvent venir que du Dieu Trinitaire : du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

A Dieu est donné le Nom de « L’Etant, Il-Etait, Le Venant ». C’est une amplification du Nom Yahweh : Celui qui est, correspondant au « JE SUIS » du v. 8 (cf. Ex 3, 14). Ce qui est amplifié c’est le caractère permanent de « l’être de Dieu avec nous ». Il était là hier, il est encore là maintenant, et il vient. Tout ceci a pour but de soutenir notre Espérance, objectif de l’Apocalypse.

L’Esprit est essentiellement septénaire, car il est le protecteur et le garant de l’Alliance. Il est chargé de guider les croyants dans leur conduite et se doit d’être présent à chaque fidèle du Christ. Il est l’Avocat défenseur.

Trois titres sont conférés au Christ. Ils résument son mystère pascal : Il est « le Premier-né d’entre les morts », le Ressuscité, exalté au ciel comme Seigneur (cf. Col 1, 18). Il est le témoin fidèle, le martyr qui a enduré l’épreuve jusqu’au bout. L’allusion à sa Pâque par laquelle il triomphe de l’épreuve sollicite la foi et l’Espérance. De même que le Christ a triomphé de l’épreuve, les chrétiens sont associés à sa passion et à sa Résurrection, maintenant.

En somme, c’est parce que Dieu est là, parce que la plénitude de l’Esprit est donnée et que parce que Jésus-Christ a « réussi » sa Pâque que « grâce et paix » peuvent être assurées aux communautés. Toute chose qui provoque la louange liturgique.

 

2. 2.  La liturgie : vv. 5b-8

2. 2. 1.  La strophe : vv.  5b-6

Elle est courte et est adressée à « celui qui nous aime ». Le verbe est au présent, ce qui montre l’actualité de l’amour du Christ pour ses fidèles, un amour concret, salutaire, ayant enduré pour eux les épreuves du martyre. Ce martyre produit sur les fidèles un double effet. D’abord, il constitue les croyants en un Royaume. Les croyants sont ceux sur qui le Christ règne, par son amour ; et ils sont ainsi entraînés à confirmer leur conduite sur la manière dont gouverne leur roi, à savoir par le service et l’amour. Les citoyens de ce royaume sont faits prêtres pour Dieu (cf. 1 P 2, 5. 9 ). Il s’agit ici du sacerdoce commun des fidèles, un sacerdoce ordonné aussi au culte et à la louange liturgique : les fidèles sont les prêtres et les chantres de Dieu. L’air est vraiment eucharistique.

Le rappel de l’action du Christ en notre faveur vaut au Ressuscité une double doxologie (gloire et force). Il s’agit de confesser une victoire par la louange. A cette confession, l’assemblée répond par l’Amen traditionnel des liturgies juive et chrétiennes.

 

2. 2. 2. L’antistrophe : v. 7

Elle est l’annonce d’une venue imminente : « Il vient » au présent (littéralement « Voici » il (le Christ) avec les nuées » d’après Daniel 7, 13). La nuée est un attribut divin qui voile la gloire de Dieu, insoutenable pour l’homme pécheur. Le Christ vient ainsi divinement non point dans le resplendissement de sa gloire, mais drapé dans un nuage.

         Celui qui aura cru sans avoir vu recevra cette vision comme récompense. Quant à l’incrédule, qui a participé à la crucifixion de Jésus, il devra reconnaître son erreur et pleurer sur le crucifié (cf. Jn 19, 37 ; Za 12, 10-14). On songe aussi à Pierre qui crucifie Jésus par ses reniements (Lc 22, 62) et qui, après, fond en larmes sous le regard du Maître. Le Christ vient, car il est le « venant » ; et cette venue est imminente.

         Dans l’Eglise, il semble que le Christ vient d’une triple manière.

         D’abord pour juger comme pédagogue des communautés auxquelles il vient apporter, à travers les lettres que Jean doit leur adresser, remèdes et consolation ; car il ne fait qu’un avec le  Paraclet, le  Défenseur.

Ensuite il vient encourager et récompenser et se donner lui-même dans l’Eucharistie (3, 20).

Enfin, il est clair que la juridiction de Jésus Christ s’exerce sur les Eglises d’une manière permanente. Celle-ci  se concrétise en un acte verbal, en une Parole appelant les actions concrètes. La présence du Christ est donc manifestée à travers la prédication qui dénonce et exhorte, juge et rétribue, encourage et stimule. C’est ainsi que l’Apocalypse veut apporter grâce et paix aux Eglises. Cette venue s’accomplit aussi au milieu des nations : « tribus/langues/nations/peuples » (cf. 5, 9 ; 7, 9 ; 10, 11 ; 11, 9 ; 13, 7 ; 14, 6 ; 17, 15). Pour ces Gentils, la venue du Seigneur prend également la forme d’une Parole, d’un message contenu sous le nom d’ « Evangile éternel » (14,6). Par la prédication de l’Evangile, le Seigneur vient au milieu des nations. L’apostolat missionnaire est la porte par laquelle le Christ pénètre dans le monde entier. La condition à laquelle cette irruption est identifiable est la fidélité à la Parole du Christ telle qu’elle s’exprime dans l’ÉVANGILE, sans altérations ni affadissements.

 2. 2. 3. L’épode (chant liturgique qui s’exécute après la strophe et l’antistrophe)

En réponse à la liturgie qui se vit, Dieu se présente pour ce qu’il est : « Je suis », développé au v. 4, avec lequel il fait inclusion. Il est le Seigneur-Dieu, sans doute en référence à la formule vétérotestamentaire de YHWH-ELOHIM et à la titulature impériale en cours sous Domitien.

Un nouveau titre apparaît. Dieu est dit l’Alpha et l’Oméga (cf. 21, 13 et pour le Christ en 22 : 13). L’intention est de montrer que Dieu habite toutes les Ecritures et tous les évènements de l’Histoire du salut. Il se situe au début de l’Histoire comme projet, et à son achèvement comme espérance. Entre ces deux points se déroulent les jours des hommes comme une parenthèse infinie des activités de lieutenance de la création et de la préparation du ciel nouveau et de la terre nouvelle sur le temps des hommes, Dieu règne en Pantocrator (Tout-Puissant) ou comme YHWH SEBAOTH en hébreu. Il faut se rappeler que Domitien avait introduit ce titre de Pantocrator dans les inscriptions impériales officielles. L’Apocalypse veut sans doute dénoncer ce fait d’une manière implicite car c’est une usurpation, puisque Dieu seul mérite le titre de Tout-Puissant, lequel est répété neuf fois dans l’Apocalypse (ici et 4, 8 ; 11, 17 ; 15, 3 ; 16, 7. 14 ; 19, 6. 15 et 21, 22).

Au total cette salutation liturgique ne manque pas d’ampleur et de splendeur. Les communautés chrétiennes peuvent s’en inspirer pour rendre la liturgie de la Parole et celle de l’Eucharistie toujours plus riches et plus vivantes ; liturgies auxquelles tous et toutes participent de manière active et effective, chacun et chacune selon son charisme propre, personnel et communautaire.

         -L’emploi des citations de l’ancien Testament montre bien que Jésus a manifesté la fidélité de Dieu à ses  promesses, ainsi que l’annonçait Daniel et Zacharie entre autres.

         -Le geste de se battre la poitrine est une expression  de tristesse à l’occasion d’un deuil en Orient, mais aussi de repentir. Le texte de Zacharie d’où cette expression est tirée exprimait à la fois l’un et l’autre, comme ici du reste. Zacharie prophétisait la douleur et le repentir des habitants de Jérusalem qui s’étaient rendus coupables d’un crime dans le passé. C’est à cette perspective éblouissante de la conversion en masse de toutes les tribus de la terre qu’applaudit le voyant de Patmos et à laquelle il donne son assentiment : « Oui ! Amen ! ».

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