Méditations de Carême - 6 -

4ème DIMANCHE DE CAREME

 

Jo 5, 9a ; 10-12 / 2Cor 5, 17-21 / Lc 15, 1-3 ; 11-32

 

Par tes œuvres, montre ta foi

 

34. Ce quatrième dimanche de carême pourrait être comparable à cette borne kilométrique nous indiquant la ligne droite des cent (100) mètres qui nous restent de notre parcours vers Pâques.

 

 En cette année de la foi, tenons fermes !

 

 « Parvenu désormais au terme de sa vie, l’Apôtre Paul  demande à son disciple Timothée de« rechercher la foi » (2TM2, 22) avec la même constance que lorsqu’il était jeune (2Tm3, 15). Entendons cette invitation adressée à chacun de nous, pour que personne ne devienne paresseux dans la foi » (Porta Fidei .15). Alors, plus que jamais recentrons davantage notre vie sur le Christ. En effet « Jésus Christ est le centre de la foi chrétienne et cette foi engage toute l’existence » (Porta Fidei. 2).

 

 La parabole de ce dimanche est l’itinéraire de conversion que saint Luc peint avec tant de réalisme qui nous permet de reconnaître notre propre chemin et donc de retrouver, nous aussi la maison du Père, car « c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut » (2Co 6, 2).

 

 Notre Dieu, en qui nous croyons est le Dieu révélé en Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme.

 

35. Dieu est le père dans cette parabole. La parabole nous dit ceci : « un homme avait deux fils». Ce qui nous permet de dire que c’est le Père qui est le personnage principal et d’affirmer alors que c’est la parabole du « Père miséricordieux ». Cette parabole est la plus belle histoire d’amour, nous montrant la plus belle figure de Dieu. Après tout ce que le fils prodigue a fait à son père, ce dernier nous surprend par son attitude et sa grande et infinie miséricorde : «Comme il était loin, son père l’aperçu, fut saisi de pitié, courut se jeter à son cou, et le couvrit de baisers.»

 

Quatre gestes hors pair :

 

Il l’aperçoit au loin

 

Il est ému de compassion

 

Il court

 

Il l’embrasse tendrement.

 

Alors le fils aîné se met en colère et refuse d’entrer. Son père sort le supplier. Encore quatre gestes hors pair du père à l'endroit de l’aîné :

 

Il sort à la rencontre de son fils

 

Il l’écoute.

 

Il lui tient la main.

 

Il le supplie.

 

Incroyable mais vrai, un père qui a pardonné (au fils cadet) avant tout aveu, sans condition, c’était la révélation du prophète Osée qui disait: Dieu continue fidèlement à aimer son épouse infidèle (OS 3, 1). Ce n’est ni sur la conduite du fils, ni sur ses démarches pénitentielles, encore moins sur ses expiations que Jésus met l’accent, mais sur l’amour de Père pour ses enfants. Oui, frères et sœurs, voyez la prodigalité de l’amour de Dieu pour nous pécheurs !

 

Le Dieu de miséricorde et d’amour nous tend la main aujourd’hui !

 

Le Dieu d’amour et de miséricorde nous parle (te parle) cœur à cœur : « Voilà que je me tiens à la porte et je frappe. Heureux celui qui entend et qui ouvre, j’entrerai et je prendrai mon repas avec lui » (Ap. 3, 20.)

 

Par tes œuvres, montre ta foi

 

36. Frères et sœurs, Dieu nous tend la main : Le fils cadet : « le plus jeune dit à son père : père, donne-moi la part qui me revient ». Ce fils ne pense qu’à lui seul, il n’est qu’un profiteur, il ne sait faire qu’une chose : exiger, réclamer, forcer la main, revendiquer. Ce fils veut son indépendance, il s’éloigne de la maison paternelle et il dépense tout l’argent.

 

 Pauvre fils : Elever et garder des porcs, animaux impurs. Est-ce digne de toi, fils de Roi ? Vivre en régression comme un animal. Quel dommage !« Se remplir le ventre » et on a raison de dire : il a plus mal au ventre qu’au cœur.

 

 Pauvre victime de ses instincts, de ses péchés. C’est mon image. C’est ton image mon frère, ma sœur. Seigneur, c’est ainsi que nous vivons souvent, hélas !

 

 Dieu de miséricorde et d’amour, je ne suis plus digne de toi et pourtant tu es là, tu me cherches, laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres brebis dans le désert pour me chercher (Lc 15, 4).

 

 Aujourd’hui, par tes œuvres montre le fruit de ta conversion, montre les fruits de ta foi. En effet, « Adhérer à la personne de Jésus Christ demande une foi qui se transforme en confiance et mieux encore, une foi qui devient amour. La foi devient non seulement confession devant Dieu mais aussi devant les hommes ; elle se fait témoignage » (lettre pastorale nov. 12).

 

 Ayons l’audace, le courage de la réconciliation avec Dieu, avec le prochain, avec nous-mêmes.

 

Par tes œuvres, montre ta foi

 

37. Frères et sœurs, Dieu nous tend la main comme au Fils aîné de la parabole d’aujourd’hui :

 

 Le fils aîné est furieux, scandalisé par ce qu’il appelle« injustice » du père. Il a toujours été fidèle à l’autorité paternelle. Il a toujours persévéré dans le devoir d’état. Jamais il n’a eu même un chevreau pour festoyer avec ses amis. Nous aussi nous pensons souvent que nos efforts ne sont pas justement récompensés.

Le fils aîné juge son frère, et le traite de pécheur. Or, le Christ nous dit : « ne jugez pas, pour ne pas être jugé ».Souvenons-nous de cette parole de Jésus dans l’épisode de la femme adultère : « celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». De fait, « les vrais, les seulsregards d’amour sont ceux qui nous font espérer » (PaulBaudiqueyin commentaire du retour de l’enfant prodigue).Attention donc aux poutres ! Elles entravent notre claire vision et dessèchent les cœurs.

Le fils aîné a du mépris pour son frère jusqu’à dire à son père : « mais quand ton fils que voilà est revenu après avoirdilapidé tous ses biens, tu fais tuer pour lui le veau gras».Et pourtant saint Jeannous dit : « Tout homme qui a de la haine pour son frère est un meurtrier et vous savez que lemeurtrier ne possède pas en lui la vie éternelle » (1Jn3, 15).

En fait, le fils aîné nous révèle la pointe de la parabole. Il n’a pas vu tout l’amour dontil est aimé. Il n’a pas compris que tout ce qui est au Père est à lui.

Aujourd’hui par tes œuvres, manifeste l’amour du Christ là où tu es.

38.Frères et sœurs, cette parabole se termine sur une note de joie. Au fils cadet le Père dit : mangeons et festoyons car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé.

Au fils aîné le Père dit : Il fallait festoyer et se réjouir car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé.

Saurons-nous être aujourd’hui nous aussi à la fête en ayant comme habits de fête les sentiments mêmes du Christ ?« Rappelons-nous le regard du Christ posé sur Pierre après son reniement, c’était un regard d’amour gratuit, un regard de pardon qui va au-delà de toute logique humaine ; un regard sauveur.

Ce même regard, le Christ le pose sur chacun et chacune de nous et il voudrait que nous l’imitions, il veut que nous portions sur les autres le même regard d’amour, de pardon et de miséricorde.

Il nous demande de faire comme lui si nous voulons être ses disciples, car le pardon nous fait ressembler à Dieu. Le pardon est le propre de Dieu. Qui pardonne ressemble à Dieu et est aimé de Dieu. Dieu récompense qui sait pardonner et qui sait demander pardon » ( Homélie Pèlerinage diocésain 2012).

Par la bouche du prophète Isaïe, Dieu nous dit en ce temps de carême de briser nos épées pour en faire des socs et nos lances pour en faire des serpes. De cette manière, on ne lèvera plus l’épée nation contre nation (cf. Is 2, 4.). Frères et sœurs,allons donc ! Réconcilions-nous et construisons la paix. Marchons à la lumière de la Foi au Christ Mort et Ressuscité et qui est vivant pour les siècles des siècles. AMEN !

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