Conférencier : Mgr Gabriel SAYAOGO, évêque de Manga
b. La mission du prêtre
Dans son homélie du 18 mai 2000, à l’occasion du jubilé des prêtres, Jean-Paul II disait : « Nous autres prêtres, nous avons été consacrés dans l’Eglise pour un ministère spécifique. Nous sommes appelés, de diverses façons, à contribuer, là où la providence nous place, à la formation de la communauté du peuple de Dieu. Notre tâche est de paître le troupeau de Dieu qui nous a été confié, non par la force mais de bon gré, en ne nous prenant pas pour des maîtres, mais en offrant un témoignage exemplaire. Telle est, pour nous, la voie de la sainteté. Telle est notre mission au service du peuple chrétien. »
Voie et lieu de sanctification de l’appelé, le sacerdoce est également continuation de la mission du Christ rédempteur. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). A l’origine de toute vocation, il y a Dieu. C’est lui qui appelle. Et il se complaît à appeler individuellement. La vocation revêt un caractère individuel. Quand le Seigneur Jésus appelle Pierre, il l’appelle avec sa personnalité propre. Quand il appelle Paul, il l’appelle aussi avec ce qu’il est et a de particulier. Il appelle à la suite d’une expérience personnelle et individuelle de chacun avec lui (cf. Jn 1, 35-39 ; Jn 1, 43 ; Mc 2, 13-14 ; Mt 4, 18-22) en fonction de dons personnels, de charismes particuliers.
La mission du prêtre est une œuvre d’amour du Père, transmise par le Fils médiateur, et réalisée grâce au don de l’Esprit Saint. Bien qu’individuelle, la mission n’est pas individualiste. Elle nous fait communier les uns avec les autres au même sacerdoce ministériel, au sein de l’Eglise. Le prêtre ne peut ignorer le prêtre dans son ministère sacerdotal. En définitive, la mission n’est pas notre mission. Elle est œuvre de Dieu, œuvre de l’Eglise. Nous ne sommes pas propriétaires de la mission. Nous n’en sommes que des serviteurs. Tout comme on ne choisit pas son lieu de mission, de même on ne s’envoie pas en mission. On y est envoyé pour communiquer la vie et la sainteté de Dieu aux hommes, par l’annonce de l’Evangile, la célébration des sacrements et des sacramentaux. « Ayant convoqué les douze, il leur donna puissance et pouvoir sur tous les démons, et sur les maladies pour les guérir. Et il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons » (Lc 9, 1-2).
Comme il a associé les douze à sa mission, Jésus nous associe encore aujourd’hui à cette mission. En fonction de la succession apostolique, ce sont les évêques, aujourd’hui, qui ordonnent les prêtres et les envoient en mission. On n’est pas prêtre pour soi-même. On est prêtre pour collaborer avec l’évêque dans l’annonce de la bonne nouvelle. Jésus nous rappelle ce choix qu’il nous a fait : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais bien moi qui vous ai choisis et envoyés » (Jn 15, 16).
La mission est exigeante. Elle demande un engagement permanent. Après avoir décrit les méfaits de certaines vaines courses, Paul invite son disciple au combat : « Toi, homme de Dieu, fuis tout cela, poursuis la justice, la piété, la foi, la charité, la constance, la douceur. Combats le bon combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé et en vue de laquelle tu as fait ta belle profession de foi. Garde le commandement sans tâche et sans reproche... » (1 Tm 6, 11-14). La mission du prêtre découle de la personne et de l’action du Christ. La vie et l’action du prêtre sont une continuation de l’action de Jésus-Christ lui-même.
La succession des différents missionnaires ne doit en rien cacher la réalité du Christ. Il faut savoir quitter son poste, facilitant la tâche du successeur par une bonne passation de service. Jésus lui-même a permis que ses disciples fassent mieux que lui. « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais ; et il en fera même de plus grandes » (Jn 14, 12). La mission c’est garder une solidarité avec ceux qui assurent les responsabilités que nous avions ou que nous aurons. Respecter ce que les prédécesseurs ont initié. L’Eglise veut être une construction où chacun apporte sa pierre en laissant le soin au Christ d’être l’architecte et le maçon.
Il faut abandonner les conceptions dépassées de ‘’on a toujours fait comme ça’’, ‘’ici c’est comme ça’’, ‘’oh, qu’est-ce qu’il a fait ?’’, ‘’avec moi, ça c’est fini !’’, ‘’ici, c’est moi !’’. Il faut inventer d’autres moyens et d’autres manières de faire, sans toutefois se lancer dans des improvisations, ni des destructions. Tout comme il faut quitter son poste en facilitant la succession, il faut également savoir occuper les postes en respectant les prédécesseurs. Il faut savoir travailler en équipe.