Les écrits Johanniques - 15 -

Chapitre III – L’Apocalypse de St Jean

I. Quelques clés de lecture[i]

 

-Le genre littéraire

         Le genre littéraire apocalyptique est né au 2è s. av. J C, comme une expression originale de la tradition prophétique dont il amplifie les aspects visionnaires. Littérature de temps d’épreuves, il va se développer au sein du judaïsme jusqu’au 2è s. après J C. Les principaux produits sont, pour ce qui est des écrits canoniques, le livre de Daniel, certaines parties d’Ezéchiel et d’Isaïe (Is 24-27 ; 34-35), voire des Evangiles (Mt 24, 4-36 et parallèles) ; et, parmi les écrits non bibliques, le livre d’Hénoch, le Livre des Jubilés, le Testament des Douze patriarches, l’Assomption de Moïse, etc. Si de nombreux livres apocalyptiques sont antérieurs à l’Apocalypse de Jean, celle-ci est cependant l’écrit qui donnera leur nom à tous les ouvrages du genre. Les caractères communs à toute cette littérature sont les suivants :

         1. Ces écrits fleurissent surtout en temps de persécution et ont comme objectif de consoler et d’encourager les persécutés en les rassurant quant à l’issue de leur combat : Dieu et son messie remporteront la victoire et ceux qui auront persévéré jusqu’à la fin seront associés à cette victoire inéluctable. On sait que le livre de Daniel, un excellent exemple du genre, fut écrit sous la grande persécution déclenchée par Antiochus Epiphane (175-163, voir 1 Mac 1-6).

         2. dans la mesure où ils prédisent des événements futurs, ils s’apparentent au genre prophétique (cf. Ap 1, 3), mais s’en distinguent pourtant sur de nombreux points fondamentaux (cf. la comparaison entre  le prophétisme, les apocalypses juives et celle de Jean dans les développements sur les genres littéraires des écrits johanniques).

         3. Littérature de temps de crise (persécution), ces écrits sont en général « cryptés » et ne se laissent déchiffrer que par les destinataires qui en connaissent le code. L’expression imagée des idées peut dérouter le lecteur moderne. Cette difficulté sera vite surmontée si on est attentif à substituer à chaque image l’idée qu’elle exprime sans se soucier de l’incohérence fréquente des images successives, à laquelle l’auteur, un sémite, ne porte aucune attention. Ce qui compte à ses yeux, et donc ce qui doit compter aux nôtres si nous voulons le comprendre, c’est la cohérence des idées sous-jacentes aux images, et cette cohérence est parfaite.

Quelques clés d’interprétation du riche symbolisme de l’Apocalypse :

La tête

L’autorité

Les yeux

La connaissance

La main

La puissance

les pieds

La stabilité

les cheveux blancs

L’éternité

La corne

La force

Les ailes

La mobilité

Position debout/assise

Signe de résurrection/stabilité

Longue robe

Dignité sacerdotale

Ceinture d’or

Dignité royale

Le blanc

La pureté, la joie

Le rouge-sang

Le meurtre

L’écarlate

Le luxe

Le vert

La mort

Trois

Chiffre de la divinité

Quatre

Chiffre de la création

Sept

perfection

Douze

Chiffre d’Israël (ancien et nouveau)

Mille et multiples

Grand nombre, multitude infinie

Dix

Quantité non négligeable

Six

Imperfection/chiffre de l’homme

Trois et demi

Durée imparfaite, temps déterminé

Deux

Quantité suffisante

 

         Voici présentée dans un tableau à deux colonnes, une relecture de la description de l’Agneau immolé (cf Ap 5,1) à partir de ces clés d’interprétation des symboles. La colonne de gauche contient la traduction littérale, celle de droite l’interprétation :

Et je vis

Et je vis

Au milieu du trône

Partageant la divinité du Père

Et des quatre vivants

Dominant toute la création

Et au milieu des vingt-quatre anciens

Et les anges représentant le temps de l’histoire

Un agneau

Jésus, l’agneau de Dieu annoncé par Jean-Baptiste

debout

ressuscité

Comme immolé

Après le sacrifice de la croix

ayant sept cornes                             

Possédant la plénitude de la force

Et sept yeux

Et la plénitude de la connaissance

        

         En lisant ce tableau, on ne peut que rejoindre TROADEC dans sa conclusion et s’écrier : Mais qui ne perçoit la sèche platitude de l’interprétation en comparaison de la richesse évocatrice des images ! Et cette interprétation laisse sûrement perdre quelques enseignements complémentaires contenus dans le symbolisme… 



[i] Voir pour approfondissement TROADEC ; CE 11 ; CORSINI et La Bible et son message 178

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article