LA SOLIDARITÉ CHEZ LES LYÉLA

La manifestation de la solidarité dans les relations amicales

 

Si l’amitié est ce qu’il y a de précieux dans la vie des hommes en dehors de leurs attachements familiaux et parentaux, elle est dans le milieu lyêl, un lieu important de la manifestation de la solidarité. Il est donc aisé de comprendre, comme le précise le proverbe, qu’ « un bon ami vaut souvent mieux qu’un frère » ? Aussi, trouve-t-on chez les lyêla, une manifestation très appréciable de la solidarité entre amis.

Dans les moments de joie comme de peine, les amis s’entourent d’une certaine attention que même les proches parents n’ont pas.

Le terme ami est rendu en lyélé par ‘‘Dâm-bal’’ ou ‘‘Dân-kan’’, ce qui signifie « l’homme auquel je me colle, la femme à laquelle je me colle ». Ainsi, l’ami chez les lyéla est souvent plus important qu’un frère, on lui confie plus facilement son cœur et ses entreprises et on écoute plus volontiers ses conseils.

Un proverbe lyêl dit bien : « Mieux vaut vendre une tête plutôt que de laisser la honte de mon ami sortir ». Ce qui veut dire qu’en cas de grave problème, le lyêl est capable de vendre un bœuf pour aider son ami ; chose qui ne se fait pas souvent même quand c’est il y a danger de mort dans la famille.

Lors de décès, on dira qu’« un ami ne se rencontre pas avec le visage sec » ce qui veut dire que l’on compatira toujours aux douleurs de son ami. Et l’élan de la solidarité en général envers un ami est très différent des autres. Il semble donc évident que l’ami, le bon ami pour le lyêl, lui  permet de manifester grandement sa solidarité.

Dans l’antiquité, le lyêl ne donnait pas sa fille, tout simplement comme beaucoup le pensent, à son bienfaiteur. C’est à son ami qu’il donnait sa fille. Non seulement pour que celui-ci prenne bien soin de sa fille, mais pour l’amitié qui les lie et qui exige beaucoup plus qu’un cadeau ; alors on donne sa chair, on donne la vie à son ami en lui donnant sa fille et on renforce ainsi davantage les liens. 

 

La manifestation de la solidarité dans les relations avec les indigents et les inconnus

 

Chez les lyéla, le sens aigu de l’hospitalité traduit bien la solidarité. L’étranger connu ou non est toujours bien accueilli. La première des choses chez les lyéla face à un hôte est de lui offrir de l’eau. Mais on n’offre pas de l’eau plate à l’étranger. Le proverbe dit « Cir butukuru n ji nê wa » (ce qui veut dire littéralement enlever la pioche de son manche pour le plonger dans l’eau) cela signifie délayer du tôt dans l’eau de l’étranger. En plus de cet accueil toujours chaleureux, les lyéla disent que « si l’étranger ne mange pas, même l’enfant dormira à jeûn » tout cela montre bien la place qui est accordée à l’hôte.

Ensuite, les lyéla manifestent beaucoup de solidarité envers les indigents. « Le pauvre, disent les lyéla, ne mangera pas la poussière » : ce qui veut dire que quelle que soit la situation du pauvre, il ne mourra pas de faim tant que les autres ont de quoi manger. Le partage avec les indigents se fait comme par habitude et dans les paroles des parents éducateurs, on ne tarde pas à entendre dire : « La bouche du pauvre mange pour Dieu ». Les enfants ainsi prennent pour obligation morale le fait de venir en aide au plus démuni.

La veuve est bien traitée la plupart du temps. Le proverbe dit à son sujet : « on n’enjambe pas la veuve avant de la charger d’un panier de gerbes de mil » ; autrement dit, on n’aide pas le faible en l’exploitant. Et l’orphelin qui a une histoire identique depuis les temps anciens, c'est-à-dire mal traité dans sa famille, interpelle fortement les autres lyéla à lui être solidaire. CPZ, chanteur lyêl dit : « L’orphelin a grandi et ses connaissances ont augmenté », tout à fait comme la vielle chanson scolaire Robert. Le nom de bravoure « Zân-yil » qui est : « betêe da » (père de l’orphelin) n’est donné qu’à celui qui est vraiment solidaire à l’orphelin et aux nécessiteux.

Un autre domaine très remarquable chez les lyéla est leur hospitalité reconnue même en dehors du lyolo. Nous notons particulièrement la présence dans le lyolo des exclus des autres ethnies qui trouvent toujours une terre d’accueil chez les lyéla. Il y en a même qui sont devenus lyéla en restant chez les lyéla. Nous notons par exemple les famille N’do à Zoula, les familles Sandaogo à Ninion, les familles Kaboré et Kinda à Réo, etc, qui ont intégré complètement le lyolo et qui se comptent parmi les lyéla et non de leurs ethnies d’origine.

Chez les lyéla, c’est donc une grande valeur morale que de venir en aide aux plus indigents. Mais quelle analyse pouvons-nous faire de toutes ces situations dans lesquelles se manifeste la solidarité chez les lyéla.

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