DEUXIEME DIMANCHE DE CARÊME
Gn 15,5-18 /Ps 27/ Ph 3,17-4,1/ Lc 9,28-36
«Carême et vie de foi »
20. Frères et sœurs en Christ, le Seigneur veut encore inonder nos cœurs et nos vies de ses grâces en ce saint temps de carême qu’il nous donne à vivre. Il vient nous offrir ce que seul son cœur de Père peut donner : la grâce de la conversion, la grâce d’une vie de communion intense avec lui et la grâce d’une vie fraternelle en Christ avec les autres. Le carême est un «temps où Dieu fait grâce à notre terre».
Nous voulons à notre tour, grâce aux efforts et aux sacrifices que nous allons nous imposer, et que l’Esprit du Seigneur fécondera, disposer nos cœurs à accueillir cette grâce de renouvellement intérieur.
Nous acceptons d’entreprendre des efforts de conversion, de prière et de partage à cause de notre foi, au nom de notre foi. La foi qui est cet «œil spirituel qui nous permettra de regarder en profondeur, de voir le monde spirituel », et cette « main spirituelle qui nous permettra de saisir les biens spirituels ».Elle est également cette « monnaie spirituelle qui nous facilitera les transactions spirituelles » et cette « oreille spirituelle qui nous permettra d’écouter la Parole de Dieu, de comprendre la volonté de Dieu» (Lettre pastorale , octobre 2012, paragraphe 2).
21. Contemplons l’œuvre que le Seigneur a accomplie par l’intermédiaire des hommes de foi, et que notre vie de foi en soit renouvelée et devienne plus féconde.
Abraham a eu la faveur de Dieu à cause de sa foi : il est devenu ami de Dieu et père de toutes les nations.
Abraham vivait un drame, celui de n’avoir pas de descendant qui hériterait de lui: « Mon Seigneur Yahvé… je m’en vais sans enfant», avait-il confié au Seigneur (Gn 15,2). Et le Seigneur entreprit alors de faire de cet homme sans descendant un grand homme dans l’histoire du salut de son peuple : Dieu le conduisit dehors et dit: « Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer et il lui dit : Telle sera ta postérité » (Gn 15,5).
Voici quelle fut l’attitude d’Abraham par rapport à cette promesse de Dieu : « Abram crut en Yahvé » (Gn 15,6). Et parce qu’il a cru à sa parole, Yahvé le regarda comme juste. Et« Ce jour-là, Yahvé conclut une alliance avec Abram » (Gn 15,18).
Du coup, le vieil Abram qui était sans enfant se retrouve père des nations et ami de Dieu. Cette promesse que Dieu lui fait dépasse largement ce que son cœur d’homme pouvait concevoir et espérer. Une promesse qui semble inaccessible !
C’est ainsi que Dieu intervient dans la vie de celui qui croit en lui, dans la vie de celui qui accepte son amitié.
L’aventure d’Abram avec Dieu avait ainsi commencé. Abram, allait alors permettre au Seigneur d’initier son projet d’Alliance avec tout son peuple, et avec tous les hommes, à cause de sa foi. Dieu voulait bénir tous les peuples. Et Abraham, à cause de sa foi, devint l’instrument de cette bénédiction : « Toutes les nations de la terre se verront bénies en ta descendance parce que tu as obéi à ma voix. » (Gn 22,8).
22. Frères et sœurs en Christ, des hommes et des femmes de foi, amis de Dieu, depuis Abraham ont permis au Seigneur d’intervenir dans l’histoire du salut de notre monde.
Il y a eu les prophètes autrefois : ces hommes de foi qui ont toujours contribué à maintenir chez le peuple l’espérance que Dieu lui-même interviendra un jour en sa faveur et qu’il habitera en son sein.
Il y a eu la Vierge Marie : celle qui a accueilli avec une grande foi le message que l’Ange Gabriel lui porta au nom de Dieu : «Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole», avait-elle répondu à l’Ange (Lc 1,38). Et son oui de foi a valu l’incarnation du Fils de Dieu, le Sauveur Jésus Christ.
Avec Jésus, l’Alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et les hommes est solidement établie pour toujours : «Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous»(Jn 1,14).
Et la foi de« tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom » n’a cessé d’être source de fécondité.
Dieu veut faire de nous aujourd’hui ses instruments pour bénir le monde. Il veut agir par nous, si nous croyons en lui.
La foi en Dieu rend ma vie et mon agir chrétiens féconds
23. L’engagement de foi des premiers missionnaires chez nous, nous a valu la naissance et la croissance de l’Église au Burkina et dans chacune de nos paroisses. Leur engagement de foi nous a ouverts au Dieu de Jésus Christ, et dès lors nous sommes héritiers avec le Christ, nous avons tous part à ses innombrables et insondables richesses.
24. Aujourd’hui, Dieu ne veut-il pas intervenir dans nos vies personnelles, dans la vie de nos familles, de notre Église, de notre société pour les transformer ? Certainement, oui !
Le Christ nous dit : «Me voici devant la porte et je frappe ; celui qui entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je mangerai avec lui, et lui avec moi» (Ap. 3,20)
Alors, qui ne veut pas être celui par qui Dieu veut se faire connaître? Le Seigneur attend de moi que je lui fasse confiance pour qu’il puisse se servir de moi comme un instrument efficace.
Ce temps de carême m’est offert pour que je puisse croître dans la foi et croître dans une foi agissante.
Dieu nous a accordé la grâce d’une paternité ou d’unematernité spirituelle comme celle accordée à Abram :
Nous avons des pères et des mères spirituelles, ceux qui ont consacré leur vie pour le Royaume de Dieu et pour accompagner l’homme en marche vers ce Royaume. Ils nourrissentcontinuellement la vie de Dieu en nous par les sacrements et la Parole de Dieu.
Nous avons les parrains et les marraines qui acceptent d’assumer une paternité et une maternité spirituelle auprès de leurs filleul(e)s par leurs conseils et leurs prières.
Il y a aussi ceux qui acceptent d’accompagner les couples dans leur vie de mariage par leurs prières et leurs conseils.
L’occasion nous est donnée, chacundans son rôle,en ce temps de carême, de nous demander si cette paternité oumaternité spirituelle que nous assumons est vraiment féconde ? En quoi est-elle vraiment féconde ? D’ailleurs, commentl’assumons-nous pour qu’elle soit féconde?
En quoi notre vie de foi est-elle féconde ? Notre vie et notre agir chrétiens doivent être féconds de la fécondité que Dieuaccorde à ses amis, à ceux qui croient en lui : ouverture à Dieu et ouverture aux hommes.
Dieu nous donne son Fils à contempler et à écouter pourinitier en nous un renouvellement intérieur, pour rendre notre vie de foi plus féconde, plus entreprenante.
Contempler le visage de Jésus. Écouter Jésus, Parole de Dieu pour mûrir dans sa foi.
25.Jésus a appelé Pierre et André, Jacques et Jean, pêcheurs de Poissons, parce qu’il voulaitleur confier une nouvellemission : il voulait faire d’eux des pêcheurs d’hommes. Unemission qui rendrait leur vie d’homme plus féconde, plus pleine, selon Dieu.
Leur réponse a été un oui, une réponse de foi : de Pierre etAndré, il est dit ceci : «Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et lesuivirent. »(Mt 4,20) ; Au sujet de Jacques et son frère Jean, l’évangéliste écrit : «aussitôt ils laissèrent leur père avec la barque et commencèrent à le suivre. » (Mt 4,22).
Tous, ils ont cru en leur nouveau maître,et leur aventure avec lui avait ainsi commencé. Ils ont été témoins de ses projets missionnaires, de sa prière, de sa miséricorde envers les pécheurs et les malades, témoins de l’accueil enthousiaste qu’on luiréservaitdes fois et témoins aussi du refus de l’accueillir.
Ils ont ainsi appris à connaître leur maître pendant qu’il les formait à leur mission. Ainsi, leur confiance en Jésus a grandi, elle est devenue amitié, puis foi en sa personne, comme Fils de Dieu.
C’est à cette équipe d’amis que Jésus donne de vivre cette intense expérience spirituelle, l’expérience de la transfiguration : « Pendant qu’il (Jésus) priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante» (Lc 9,39). Et quand Pierre et ses compagnons accablés de sommeil seréveillèrent, « ils virent la gloire de Jésus. » Pierre s’est écrié et a dit : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ».
Une voix venant du Ciel se fit entendre comme pourcompléter cette vision de gloire : «Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le»(Lc 9,35).
Le message de la transfiguration était bien clair :
Jésus, leur Maître, est bien le Fils de Dieu. C’est lui qu’il faut continuellement écouter. Un jour, sa gloire divine se révèlera aux yeux des hommes quand il aura vaincu les souffrances et la mortauxquelles on veut le soumettre.
Témoins privilégiés de la transfiguration, les disciples, dont la foi se trouve fortifiée, ont la mission d’amener les hommes àgoûter combien il est heureux de vivre en présence de Dieu. Ils ne sont plus des pêcheurs de poissons mais des pêcheurs d’hommes. Pêcher les hommes pour Dieu grâce au témoignage d’une vie de foi.
Où contempler la lumière duvisage du Christ aujourd’hui ?
26.Le carême est pour nous chrétiens une occasion de nous laisser éclairer et guider par la lumière du visage du Christ, parce que nous aurons pris le temps de le contempler et d’écouter sa Parole de vie.
A la faveur de la préparation du jubilé du centenaire de l’évangélisation de notre diocèse, nous avons eu la joie d’accueillir la Bible pèlerine dans nos différentes communautés paroissiales.
Que le Seigneur nous accorde cette sagesse de nous yréférer constamment, car c’est là que nous découvrirons le vraivisage du Christ dont la lumière fécondera notre vie de chrétien, notre vie de foi, notre agir quotidien.
Voici quelques aspects du visage du Christ qui « a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies» (Mt 8,17) comme bien d’autres, qui ne cessent d’interpeler ceux qui le contemplent et prennent le temps de l’écouter :
Le visage du Christ est à contempler sur le visage et dans le cœur du Père qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).
Il est aussi à contempler sur le visage, dans le geste, dans la voix et dans le cœur du père qui accueille l’enfant prodiguerevenant en famille après une vie de débauche (Lc 15,23).
Contemplons le visage du Christ dans ses mots qui consolent la veuve deNaïm pleurant son fils unique (Lc 7,11).
Contemplons-le dans la détermination du berger qui va à la recherche de la brebis égarée (Lc 15,4).
Jésus est à contempler dans son geste qui ouvre les yeux des aveugles (Mt 9,30) et dans sa parole qui fait marcher leboiteux (Jn 5,9).
Jésus est à contempler dans le jugement qu’il prononce à la fin des temps (Mt 25) de celui qui sépare la paille du grain(Lc 3,17).
Jésus, nous le contemplons dans son Corps, que nousrecevons à chaque Eucharistie.
Aimons le contempler et l’écouter avec foi. Cela transformera nos cœurs, nos visages, nos regards et orientera notre agir.
Sainte Vierge Marie Servante du Seigneur, intercède pour nous. Sainte Vierge Marie, servante du Seigneur, Mère de Dieu et notre Mère, ton oui de foi a permis à toute notre humanitéd’accueillir Dieu fait homme.
Obtiens-nous la grâce d’une foi agissante, d'une vie de foiféconde. Que par ton intercession, le Seigneur fasse croître en nous sa vie et nous donne d’accueillir son Royaume. A lui la gloire dans l’Église et dans le Christ Jésus. Amen.