RETRAITE SACERDOTALE 2013
Lieu : Saint Jean Baptiste de Wayalgê, Ouagadougou,
Date : Du 22 au 29 Août 2013
Thème : L’OBÉISSANCE
Prédicateur : P. Mathieu ZONGO, Fdp
Cinquième jour : L’OBEISSANCE SACERDOTALE
Prière :
« Je m’adresse à ceux qui exercent parmi vous la fonction d’Anciens, car moi aussi, je fais partie des Anciens, je suis témoin de la Passion du Christ, et je communierai à la gloire qui va se révéler. Soyez les bergers du troupeau qui vous est confié ; veillez sur lui, non pas par contrainte mais de bon cœur, comme Dieu le veut ; non par misérable cupidité mais par dévouement, sans commander en maîtres à ceux dont vous avez la charge, mais en devenant les modèles du troupeau. Et, quand se manifestera le berger suprême, vous remportez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas. » (1P5, 1-4)
Vous les prêtres, bénissez le Seigneur !
Vous ses serviteurs, bénissez le Seigneur !
Les saints et les humbles de cœur, bénissez le Seigneur !
Matin du cinquième jour (mardi)
L’obéissance chrétienne est une sorte de recréation innovante de nos capacités humaines, personnelles et communautaire à obéir. Dans ce sens, nous ne devons pas parler uniquement de l’obéissance sacerdotale de type exclusif, parallèle ou additionnel à l’obéissance chrétienne, que nous confère l’ordination sacerdotale. Nous devons plutôt envisager les choses d’une autre manière. C'est-à-dire que l’obéissance sacerdotale, prend en compte « un genre de spécifique sacerdotal » de l’obéissance chrétienne... Car l’obéissance qui est demandée au prêtre va bien au-delà de ce qui lui est exigée par la promesse faite le jour de l’ordination. (Exemple la promesse d’obéissance se fait (non à Dieu) mais à l’évêque et à ses successeurs ; donc on promet obéissance à son frère dans le sacerdoce, qui est un Évêque en puissance…). Autrement dit, quand on parle d’obéissance sacerdotale, il faut voir deux choses : dans une perspective graduelle et intégrante, il faut à la fois considérer l’obéissance qui découle la promesse d’obéissance et le spécifique sacerdotal de l’obéissance chrétienne c'est-à-dire les exigences de l’obéissance chrétienne en général mais vécue en tant que prêtres, en particulier.
C’est pourquoi, PDV 28 affirme que « L’obéissance chrétienne authentique, correctement motivée et vécue sans servilité, aide le prêtre à exercer, avec une transparence évangélique, l’autorité qu’il a pour mission d’exercer auprès du peuple de Dieu : sans autoritarisme et sans procédés démagogiques. Seul celui qui sait obéir dans le Christ sait comment demander l’obéissance à autrui dans l’esprit de l’Évangile. »
Contexte ecclésial du service de l’autorité et de l’obéissance
Il n’y a pas de doutes que des évolutions plus générales dans bien des domaines ou aspects de la vie de nos sociétés ont constitué des cadres existentiels dont les répercutions n’ont pas manqué de toucher nos Églises particulières, et partant l’autorité et l’obéissance en leur sein. Retenons deux cadres existentiels significatifs pour notre sujet : La revendication de la liberté personnelle et des droits de l’homme d’une part et d’autre part, l’explosion des communications.
Dans la société en général, la revendication de la liberté personnelle et des droits de l’homme a été à l’origine d’un vaste processus de démocratisation qui a favorisé le développement et la croissance de la société civile qui s’impose désormais comme acteur incontournable du devenir de nos sociétés. Même si VFC 4 dit que « dans la période qui a suivi immédiatement le Concile, ce processus s’est accéléré spécialement en occident », il est clair que, de nos jours, la vague de démocratisation se répand dans les autres parties du monde depuis les années 90, y compris en Afrique. Ce processus de démocratisation se caractérise par une tendance au ‘parlementarisme’ et par des attitudes de négation de l’autorité en même temps qu’au même moment, en certains milieux ou endroits du monde, se cristallisent des formes d’autoritarisme et d’attachement au pouvoir. L’Église étant dans le monde, elle en éprouve partout l’influence d’une manière ou d’une autre. Il ne faut donc pas s’étonner que nos laïcs demandent à devenir de plus en plus visible et veulent entrer dans les cercles de décisions.
C’est pourquoi, Vie Fraternelle en Communauté fait remarquer que « la contestation de l’autorité n’a pas épargné l’Église… dans la vie religieuse par exemple, …l’accent mis de façon unilatérale et excessive sur la liberté a contribué à répandre en occident (surtout) la culture de l’individualisme, affaiblissant l’idéal de la vie commune et l’engagement pour les projets communautaires. Cette forme d’individualisme et d’indépendance du sujet par rapport au responsable hiérarchique ou à l’institution gagne aussi les diocèses, les paroisses et les institutions. Ces formes d’autoritarisme ou d’attachement au pouvoir gagnent des responsables et autorités ecclésiastiques ou religieuses, à tous les niveaux. La perte de la dimension théologale du sens de l’autorité et de l’obéissance nous guette tous. Ainsi, des Évêques sont contestés par une partie de leurs prêtres (la ligue de lutte contre les décisions de mgr) ; des curés sont contestés par le vicaire et ses fidèles partisans, membre de l’association de soutien de ses activités pastorales ; des curés qui forment la ligne de défense contre l’avancement des vicaires. Dans la vie religieuse, on parle de plus en plus de la solitude de l’autorité… mais puisqu’il n’est pas encore question de marches, de grèves etc. les contestations oscillent entre l’indifférence et les conflits ouverts en passant par les critiques malveillantes… nos contestations sont-elles toujours fondées, légales et légitimes ? Parce qu’on ne m’a nommé évêque, je monte un parti d’opposition ecclésiastique… ; parce que je n’aime pas la tête du curé, je manipule les fidèles pour créer.…
Quant à l’explosion des communications, on peut noter qu’elle a influencé le niveau général de l’information et la qualité des relations interpersonnelles et intracommunautaires. Derrière des problèmes d’information et de relation peuvent se cacher des enjeux de pouvoir au cœur même de la problématique du rapport entre autorité et obéissance. La diffusion ou la rétention de l’information sont des mécanismes de fragilisation ou de renforcement de l’autorité. « Nous vivons dans une sorte de pluralisme généralisé. Dans nos sociétés, chacun pense et s’exprime comme il l’entend. Toutes les informations lui sont accessibles par les journaux, et de nombreuses idéologies lui sont connues. En clair, nous sommes dans des sociétés où désormais, il n’existe plus ni une seule idée directrice ni une référence unique.
A l’intérieur de l’Église, il faut considérer le passage de l’Église-société à l’Église-communion avec les nouvelles structures et les nouveaux mécanismes de gouvernement comme le discernement communautaire et le dialogue, la coresponsabilité et la subsidiarité. Qu’on le veuille ou non, l’autorité et l’obéissance subissent le contrecoup de tous ces changements et toutes ces mutations. Tout ce que nous venons de dire modifie considérablement les rapports interpersonnels et par suite, la façon de considérer l’autorité (cf. VFC 5).
Méditation personnelle :
Suis-je un homme de dialogue ? Ai-je le sens de responsabilité et de coresponsabilité ? Et comment à mon tour, j’exerce à mon niveau le service de l’autorité qui m’a été donné ?
Méditation personnelle : en vue du partage en groupe (après-midi 16-17h). Composition des groupes : 1-5 x N ; 6-10 ; 11-15 ; 16 et plus
Quelles sont les conditions et les capacités personnelles qui favorisent l’obéissance dans ma relation de vie de travail avec mon évêque et mes confrères ?
Après-midi du cinquième jour (mardi)
Sens et portée de l’obéissance sacerdotale
Comme nous l’avons dit plus haut, l’obéissance chrétienne définie une attitude normale et ordinaire d’être et de faire du chrétien fondée sur le Christ même. Pourtant, il importe de souligner que la promesse d’obéissance du prêtre n’est pas simplement un approfondissement du conseil évangélique d’obéissance exigé à tout baptisé, puisqu’elle est liée à un autre sacrement, qui, à la fois, donne une grâce et confère un caractère ; mais, il est clair que le lien entre sacerdoce commun découlant du baptême et sacerdoce ministériel dans le sacrement de l’ordre exige un approfondissement ultérieur unique du même conseil évangélique d’obéissance. Autrement dit, l’appel spécial dans une vocation particulière comme l’état de vie sacerdotal, comporte pour l’obéissance évangélique des aspects ou caractéristiques propres pour celui qui est appelé dans cet état de vie ainsi que des exigences particulières pour y correspondre. Le « spécifique sacerdotal de l’obéissance chrétienne » demandé au prêtre découle de sa configuration spéciale au christ- Prêtre et s’exprime en termes de radicalité et d’excellence dans l’imitation de l’obéissance du Christ.
C’est pourquoi, « la vertu de l’obéissance, intrinsèquement requise par le sacrement et par la structure hiérarchique de l’Église, est clairement l’objet de la promesse que prononce le clerc dans le rite de l’ordination diaconale d’abord, puis dans celui de l’ordination presbytérale. Par cette promesse, le prêtre renforce sa volonté de soumission à l’Évêque ou aux supérieurs légitimes, entrant ainsi dans la dynamique de l’obéissance du Christ, Serviteur obéissant jusqu’à la mort sur une croix (cf. Ph 2, 7-8).
L’obéissance sacerdotale, avec ses caractéristiques particulières, a sa source et son fondement dans le Christ lui-même et dans le mystère de l’Église. Si L’Église en tant que nouveau peuple de Dieu, a comme condition et pour fonction l’obéissance à son Seigneur, elle doit écouter en commençant par ses pasteurs. Elle doit obéir à son Seigneur et elle est au service de l’obéissance au Seigneur.
Ainsi, « la redécouverte de l’Église comme mystère de communion et accomplissement du salut ne devrait jamais faire oublier qu’elle est aussi moyen et instrument de communion et de salut » Pigna 137 ; et en tant que telle, elle est subordonnée au Christ, Chef et Tête. « Dieu qui nous a sauvés par l’intermédiaire de l’homme-Christ, continue à nous sauver par l’intermédiaire du Christ-Église » (idem). C’est dans ce contexte du dessein de Dieu et de la mission du Christ, que la raison profonde de l’obéissance sacerdotale peut être comprise dans l’Église. Par son obéissance, l’Église est servante du salut de Dieu.
On comprend alors pourquoi La congrégation pour le Clergé affirme dans le directoire pour le ministère et la vie des prêtres que « L’obéissance est une valeur sacerdotale de première importance » ; ceci dans la mesure où « l’obéissance au Père est au cœur du sacerdoce du Christ » (n° 61). C’est pour cette raison qu’à plus d’un titre nous, prêtres, devrions tenir en grande estime la vertu d’obéissance. Si « l’obéissance au Père est au cœur du sacerdoce du Christ », l’obéissance au Christ et à son Eglise doit être au cœur de notre sacerdoce.PDV 28, rencherit en ces termes: « parmi les qualités les plus indispensables pour le ministère des prêtres, il faut mentionner la disponibilité intérieure qui leur fait rechercher non pas leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés ».
Dieu appelle l’homme toujours dans le contexte de son dessein global de salut. Ainsi, notre vocation personnelle et notre mission spécifique s’y inscrivent nécessairement et ne nous éloignent jamais des autres. Il nous faut entrer dans cette vision de l’Église en tant que « signe et instrument ». Mais, à la différence de Jésus Christ qui, avant d’être instrument salvifique dans les mains du Père, est d’abord et surtout « médiateur personnel du salut », l’Église est un ‘‘pur’’ instrument du salut. Ce médiateur personnel qui est le Christ subsiste dans l’Église catholique, mais ne s’identifie pas à elle. Comme telle, l’Église doit elle-même être sauvée en vertu de l’obéissance de son Maître et Seigneur et de sa propre fidélité obéissante à la volonté de Dieu.
Pour cela, nous devons toujours garder à l’esprit et dans le cœur que le service de l’autorité et l’exercice de l’obéissance qui en découlent, appartiennent à un niveau objectif, au mystère et au ministère du Christ et par conséquent à son Corps Mystique qui est l’Église. L’obéissance doit être une valeur sacerdotale de première importance pour chacun de nous. Si elle nous manque, nous sommes capables de tout. Si elle venait à nous manquer, nous deviendrons capables de tout. Si nous sommes sincères dans notre recherche de la volonté de Dieu, nous devons accepter cet état de choses. Pour nous prêtres, cela revêt une importance capitale car nous ne sommes pas seulement des membres « quelconques » de l’Église, mais nous en sommes surtout ses représentants. Nous sommes certes « des serviteurs quelconques » mais, malgré nos fragilités humaines et au-delà notre bonne volonté humaine, nous rendons visible l’institution sous sa forme humaine et sociale. Nous pouvons aller plus loin pour dire que nous sommes dans l’Église « des personnes sacrées » parce que consacrées en tant retentissement du divin dans la sphère humaine. Lorsqu’on nous voit, (malheureusement ou heureusement) c’est normal que les gens pensent à Dieu et voit par nous, l’Église. En plus, nous ne la rendons pas seulement visible mais nous la rendons aussi crédible ou non, dans la mesure où nous tenons convenablement notre position médiane en son sein. Autant dire que nous sommes en interphase, dans une position d’honneur mais « pas toujours confortable » à tenir, entre Dieu et les hommes. Bien qu’ayant été pris du milieu des hommes, nous devons absolument à la fois exercer l’autorité et pratiquer l’obéissance comme Jésus l’a fait. Nous devons pour cela manifester aux hommes comment Dieu guide et gouverne son peuple et manifester à Dieu une obéissance chrétienne authentique et excellente. L’obéissance sacerdotale est capitale parce que c’est de sa pratique que dépendent la capacité et l’efficacité de l’exercice de la triple fonction sacerdotale. Autant dire qu’un clerc qui n’obéit pas est dangereux pour l’Église en général, pour l’institution ecclésiale particulière qu’il gouverne et pour les personnes qu’il guide. Entre un contestataire et un autoritaire, il n’y a qu’un pas. On peut passer facilement de la rébellion contre l’autorité à la dictature sur les frères. Autrement dit, celui qui ne sait pas obéir ne saura pas commander.
Obéissance et médiations humaines
Les ministres ordonnés que nous sommes, définissent dans leur ensemble et appartiennent chacun, du fait du sacrement de l’ordre, à la hiérarchie de l’Eglise. L’obéissance sacerdotale à laquelle nous sommes tenues par le lien juridique de la promesse, se décline dans son exercice pratique, en « obéissance à l’autorité » et dans le « service de l’autorité ».
L’obéissance à l’autorité concerne l’obéissance à Dieu à travers des médiations humaines (institutionnelle ou personnelle) légitimement établies et dont l’autorité qui leur est conférée, est exercée au nom de Dieu et conformément aux lois et dispositions de l’Église.
Quant au service de l’autorité, elle indique l’obéissance dont doit faire preuve toute personne invertit du rôle de manifester la volonté de Dieu et de guider les autres. Il s’agit d’une autorité au service de l’obéissance à la volonté de Dieu. L’autorité ecclésiale… est avant toute chose appelée à être le premier obéissant. En raison de l’office assumé, il doit obéissance à la loi de Dieu, duquel il tient son autorité et auquel il devra rendre compte en conscience, à la loi de l’Église, au Pontife Romain et à l’évêque, aux dispositions et normes en vigueur dans le diocèse etc.…
Problème : Quel est le rapport qui existe entre obéissance à l’autorité ecclésiale et obéissance au dessein de Dieu ? Il s’agit d’être Obéissants à Dieu à travers des médiations humaines car « Dieu manifeste sa volonté à travers la motion intérieure de l’Esprit, qui ‘‘conduit à la vérité toute entière’’ (cf. Jn 16,13) et à travers de multiples médiations extérieures » (SAO 9). C’est dire qu’obéir à Dieu signifie également obéir aux institutions ecclésiales et aux supérieurs hiérarchiques qui les incarnent ou les représentent. Lorsqu’on parle des médiations, il s’agit de tout ce qui communique extérieurement la volonté de Dieu. On écarte donc de ce champ les motions intérieures qui proviennent de l’Esprit saint (Dieu) ou de la voix de notre propre conscience (hommes). Nous pouvons connaitre la volonté de Dieu à travers les événements de notre vie et dans les exigences propres de la vocation spécifique de chacun de nous. Ces événements de vie et les exigences ou devoirs d’état constituent donc des expressions médiatrices tout comme les médiations qui s’expriment « dans les lois qui règlent la vie en société et dans les dispositions de ceux qui sont appelés à la guider. L’Église étant aussi une société, « Dans le contexte ecclésial, lois et dispositions, légitimement données, permettent de reconnaitre la volonté de Dieu ». Dans l’Église toutefois, les lois et les dispositions doivent être perçues comme les formes juridiques des exigences évangéliques et des vérités de foi. C’est pourquoi notre obéissance doit aller plus loin de que la lettre. Dans notre obéissance, nous devons dépasser les lois c’est à dire les suivre, les appliquer mais aller au-delà de ce qu’elles prescrivent comme réponse à l’amour de Dieu.
Nous avons besoin des médiations parce que nous ne pouvons pas connaitre immédiatement la volonté de Dieu. Éliminer les médiations sous prétexte qu’elles ne révèlent pas toujours la volonté de Dieu, crée plus de problèmes qu’il n’en résout. D’ailleurs, la raison humaine et notre conscience d’être relationnel nous imposent, à plus d’un titre, d’accepter les règles qui régissent nos sociétés, les normes qui guident nos attitudes et comportements et de respecter ceux qui sont appelés à gérer les intérêts de la communauté pour le bien de tous.
Par ailleurs, dans le cadre de la révélation judéo-chrétienne, nous constatons qu’il y a toujours eu au cœur du mystère du salut, une histoire de médiations. Mieux, on peut dire que l’histoire du salut est aussi histoire de médiations dont la fonction essentielle est de rendre « en quelques sorte visible le mystère du salut ».
La plus haute et la plus parfaite de ces expressions médiatrices de la volonté de Dieu de sauver l’humanité c’est bien le Christ. La lettre aux hébreux affirme qu’« Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé autrefois aux pères dans les prophètes, Dieu, en la période finale où nous sommes, nous a parlé à nous en un Fils qu’il a établi héritier de tout, par qui aussi il a crée les mondes. Ce Fils est resplendissement de sa gloire et expression de son être… ». S’il est vrai que Jésus Christ est lui-même, dans sa personne et sa mission, ‘‘la médiation par excellence’’, il est tout aussi vrai qu’il constitue, dans son incarnation, non seulement un modèle particulier de reconnaissance de nombreuses médiations humaines mais il est surtout celui auquel s’adresse toute vraie obéissance chrétienne. Jésus Christ a su percevoir, interpréter et écouter la volonté du Père à travers les médiations humaines. Nous lui obéissons parce qu’il a obéi à son Père. Même aux heures tragiques de la passion et de la mort programmées par les autorités religieuses et politiques de son temps, Jésus a eu le souci de faire ce qui plaît au Père. Nous qui sommes configurés de façon spéciale au Christ – prêtre dans notre sacerdoce, voyons jusqu’où peut nous conduire notre obéissance !
Nous n’y pensons pas souvent mais Jésus fut crucifié comme un malfaiteur ; en plus, il l’a été comme on le fait pour le chef des malfaiteurs puisqu’il fut crucifié entre deux malfrats. Pourtant, dans ce scandaleux paradoxe de la croix, l’aspect dramatique de l’obéissance du Fils, encore et toujours enveloppée d’un mystère que nous ne pourrons jamais pénétrer totalement, (aspect dramatique dis-je) nous révèle encore plus la nature filiale et le caractère et la qualité sacerdotales de l’obéissance à laquelle nous sommes appelés. Autrement dit, le sacrement de l’ordre imprime un caractère sacerdotal à notre obéissance comme acte de notre personne configurée de façon spéciale au Christ, Grand Prêtre. Nous aussi, nous contribuons mystérieusement au salut du monde par notre Obéissance sacerdotale, surtout lorsqu’il s’agit d’une obéissance difficile. Rappelons que l’obéissance à une garantie… celle d’être sur de ne pas se tromper… d’être plus proche d’une vérité (celle qui nous a été demandée) et de la charité ( envers celui qui nous l’a demandé). Imitons le Christ et apprenant de Lui ce que veut dire accomplir la volonté de Dieu : non pas renoncer à notre volonté mais la déposer toute entière entre les mains du Père pour lui rendre un sacrifice parfait et agréable (Cf. Rm 12,1).
Pouvons-nous arriver à ce type d’obéissance radicale en vertu de cette configuration au Christ ? Demandons-nous si nous avons toujours voulu vivre cette volonté de Dieu jusqu’au bout ? toujours ? Partout ? Etc. comme l’a fait Jésus.
Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes mais comment peut-on obéir à Dieu qu’on ne voit pas si on n’obéit pas à ses représentants qu’on voit ? Partage en groupe (après-midi 16-17h). Composition des groupes : 1-5 x N ; 6-10 ; 11-15 ; 16 et plus