POUR NOUS LES PRÊTRES DIOCÉSAINS - 28

28. La pauvreté et l'usage des biens. L'Eglise répond à sa vocation en suivant le même chemin que Jésus a parcouru: il "a accompli la rédemption à travers la pauvreté et la persécution" (cf. LG 8; Ph 2, 6-7; 2 Cor 8,9) (195). L'accord loyal de la vie avec la pauvreté évangélique et le choix préférentiel des pauvres constituent une condition indispensable pour que la communauté ecclésiale et ses pasteurs soient crédibles aux yeux du monde (196).

Les prêtres sont appelés, en vertu de leur ordination, "à embrasser la pauvreté volontaire qui rendra plus évidente leur ressemblance au Christ et les fera plus disponibles pour le ministère" (197).

La vertu de pauvreté est avant tout, pour les prêtres, le choix radical du Seigneur comme leur "part d'héritage": ils vivent dans le monde sans lui appartenir (Jn 17, 14-16) et sans en user vraiment (cf. 1 Cor 7,31); ils sauront demeurer dans un juste rapport de détachement et de liberté par rapport aux réalités terrestres.

La pauvreté affective et effective requiert certains comportements précis de la part des prêtres au sujet de leurs biens personnels et de ceux de l'Eglise, dans le respect des exigences de la justice (198):

· Une certaine garantie économique: il est nécessaire que les prêtres aient une certaine garantie économique, comme serviteurs de l'autel ( 1 Cor 9,13), de telle sorte qu'ils puissent exercer leur ministère sans préoccupation excessive de cet ordre et sans être distraits de leur ministère. Est toujours valable le principe traditionnel que l'entretien des prêtres est confié à la communauté chrétienne dont ils assurent le service. Il appartient à la Conférence Episcopale et à chaque Evêque d'établir les formes les plus opportunes de rétribution des prêtres, en précisant ce qui revient au prêtre et ce qui appartient à l'Eglise. L'usage des biens personnels doit cependant être lui-même inspiré par le sens de la pauvreté et l'amour de charité. Les prêtres vivront ainsi la "spiritualité du pèlerin"; dans ce qu'ils perçoivent pour leur propre travail, ils emploieront en faveur de l'Eglise et des œuvres de charité ce qui dépasse le nécessaire pour vivre et assurer la juste rétribution de ceux qui sont à leur service, sans thésauriser pour eux-mêmes: ils seront convaincus que l'état clérical ne constitue pas une occasion d'améliorer leur propre situation économique.

· Un style de vie simple: avec reconnaissance à l'égard de la divine Providence, les prêtres se serviront correctement des biens temporels pour mener une vie digne, mais simple, en étant détachés de la richesse, et ils s'abstiendront de tout ce qui peut sentir le luxe. De cette manière, ils pourront enseigner aux fidèles de façon convaincante le sens chrétien des biens temporels et de leur usage, dont ils seront de vrais témoins.

Dans certains contextes sociaux, devenir prêtre signifie pratiquement gravir un échelon dans la hiérarchie sociale. Cette situation, qui peut exister de fait sans être recherchée, ne doit pas créer une distance entre le prêtre et son milieu de vie. Pour cela le style de vie doit demeurer un témoignage évangélique et non séparer des pauvres: les prêtres pratiqueront une grande sobriété dans l'utilisation de l'argent; ils ne dédaigneront pas de faire un travail manuel humble, par exemple des travaux d'entretien de leur maison, de petite culture etc., sans toutefois y consacrer trop de temps et compromettre ainsi le ministère. Ils se passeront volontiers de ce qui n'est pas nécessaire, surtout de ce qui est superflu. Ils suivront un critère de simplicité dans l'organisation de leur maison, dans le choix des meubles, des vêtements et des moyens de transport, des instruments audiovisuels; ils éviteront les vacances dans des lieux recherchés et coûteux. Ils feront un bon usage de leur temps, fidèles au travail. Tout ceci est requis en esprit de pauvreté et pour aborder les pauvres sans les humilier.

· Une administration responsable: conscients du fait que les biens temporels de la paroisse appartiennent à l'Eglise et ne sont pas leur propriété personnelle, les prêtres veilleront à ce que leur gestion soit faite avec justice et de manière ordonnée, toujours en conformité avec ses finalités propres: l'organisation et la promotion du culte et de l'apostolat, l'entretien convenable des pasteurs et l'aide à ceux qui sont dans le besoin. Ils établiront une distinction précise, suivant les normes diocésaines, entre leurs biens personnels et ceux de l'Eglise; ils se souviendront que ceux-ci ne doivent pas être engagés pour les intérêts de tierces personnes, seraient-ils des parents ou des amis. Dans l'administration des biens de la paroisse et des œuvres pastorales, ils recourront à l'aide d'experts, qui peuvent être des laïcs; ils constitueront le conseil pour les affaires économiques; ils mettront la communauté au courant de la situation économique de la paroisse suivant des critères de prudence et de transparence; ils rendront compte de leur gestion de manière ordonnée et précise, suivant les directives de l'Evêque.

· L'autosuffisance économique, les demandes d'aide financière: l'objectif d'une communauté chrétienne, du point de vue économique, est de tendre graduellement à l'autosuffisance. Les prêtres éduqueront les fidèles à se souvenir des besoins de l'Eglise et à partager avec ceux qui sont dans la nécessité. Il est aussi utile de demander un partage de charité entre les Eglises. Cependant les prêtres seront discrets dans leurs demandes d'offrandes et de dons qui devront être utilisés conformément aux intentions des donateurs. Quand une offrande est sans destination déterminée, elle doit toujours être considérée comme étant faite en faveur des nécessités de l'Eglise ou pour aider les pauvres. Ils seront prudents dans les demandes ou dans l'acceptation des dons venant des riches et des puissants, afin de ne pas s'exposer au risque d'un conditionnement de leur ministère.

· Les assurances pour la maladie et la vieillesse: les prêtres verseront, conformément à la loi, les contributions dues au titre de la prévoyance sociale en cas de maladie et d'invalidité ou pour la pension de vieillesse. Là où l'organisation civile n'assure pas cette prévoyance à un niveau suffisant, il est du devoir des Eglises particulières d'intervenir dans ce domaine en prenant les initiatives économiques et en assurant une organisation appropriée, au niveau diocésain ou mieux encore à celui de la Conférence Episcopale. On suggère ainsi la création de maisons adaptées pour l'accueil des prêtres âgés, de telle façon qu'ils soient assurés de passer les dernières années de leur vie en étant délicatement assistés, dans une ambiance sereine et vraiment sacerdotale. Dans ce contexte, les prêtres sont invités à prendre soin de leur santé; de manière préventive, ils devront se soumettre à un contrôle médical périodique et prendre les précautions nécessaires pour éviter les maladies contagieuses, particulièrement dans les lieux où l'hygiène fait défaut.

· Un testament: parmi les devoirs qui touchent à la justice et à la pauvreté, il faut placer celui de faire à temps un testament écrit, exprimant la volonté du testateur, et de le déposer de préférence à la curie diocésaine. On se souviendra que le testament ne peut disposer des biens de l'Eglise, mais seulement des biens personnels. Les prêtres se préoccuperont ainsi d'aider l'Eglise et les pauvres après leur mort et ne permettront pas que leurs biens servent à enrichir des personnes privées.

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