27. L'obéissance sacerdotale. "Parmi les qualités les plus indispensables pour le ministère des prêtres, il faut mentionner la disponibilité intérieure qui leur fait rechercher non pas leur volonté propre, mais la volonté de celui qui les a envoyés" (cf. Jn 4,34; 5,30; 6,38) (189). La raison profonde de l'obéissance du prêtre réside dans sa condition d'instrument personnel du Christ et dans le devoir qui en résulte de se conformer totalement à lui. Le Christ, en effet, "tout Fils qu'il était, s'est dépouillé lui-même, prenant la condition de serviteur (...) devenant obéissant jusqu'à la mort" (Ph 2, 7-8); par son obéissance, il a racheté la désobéissance d'Adam et mérité le salut pour tous les hommes (cf. Rm 5,19).
De plus, l'œuvre de l'évangélisation des non chrétiens doit être engagée et poursuivie par les prêtres dans un esprit d'obéissance. Jésus, le premier missionnaire, accomplit la volonté salvifique du Père: "Voici, je viens (...) faire, ô Dieu, ta volonté" (He 10,17); de même, le prêtre vit son engagement dans la mission dans l'obéissance au Christ et à l'Eglise, qui l'envoient continuer l'œuvre du rassemblement des fils de Dieu dispersés (cf. Jn 11,42).
L'obéissance des prêtres est ecclésiale: elle est liée à leur ordination et leur ministère ne peut se réaliser que dans la communion hiérarchique. En conséquence, la charité pastorale elle-même les incite à "faire don de leur propre volonté pour le service de Dieu et de leurs frères, en accueillant et en mettant en pratique les ordres et les conseils du Souverain Pontife, de leur Evêque et de leurs autres supérieurs" (190).
L'obéissance est avant tout, pour les prêtres, une disposition intérieure habituelle qui les établit en communion à la volonté de Dieu à travers la médiation de l'autorité, et les amène à surmonter une conception trop humaine de l'autorité ecclésiale et de l'autonomie de la personne; mais elle est aussi une exécution fidèle des normes d'action, en accord avec l'engagement dans le presbyterium et avec la place de chacun dans le service hiérarchique.
L'obéissance des prêtres doit se manifester aujourd'hui d'une manière spéciale dans les domaines suivants:
· La fidélité au Magistère: fondée sur l'identité chrétienne et sacerdotale, cette fidélité s'exprime concrètement dans une attitude d'obéissance au magistère du Souverain Pontife et de l'Evêque, dont les prêtres ne doivent pas s'écarter pour suivre des opinions non approuvées ou des convictions personnelles; cette fidélité est indispensable pour qu'ils soient eux-mêmes des témoins authentiques et pour qu'ils présentent un enseignement conforme à la vérité révélée: le pasteur doit guider son troupeau et le nourrir de la saine doctrine, et non le troubler en proposant des opinions incertaines ou erronées (cf. 2 Tm 2,14; Ti 2,1).
· L'acceptation des charges confiées: la fidélité des prêtres à leur engagement d'évangélisateurs et de pasteurs se manifeste avant tout dans la disponibilité avec laquelle ils acceptent la mission qui leur est confiée par l'Evêque et dans leur fidélité à la remplir. Interviennent en ce domaine l'esprit de foi et le sens pratique de l'obéissance, qui détournent de demander avec insistance d'être nommé à certaines fonctions ou à certaines paroisses, ou de refuser un service pastoral demandé par l'Evêque. A l'occasion des nominations, les prêtres exprimeront ouvertement à leur Evêque leur pensée, dans un dialogue sincère et franc, mais une fois la décision prise, ils l'accepteront avec joie, sans faire d'objection, et seront fidèles à l'accomplir. S'ils doivent reconnaître qu'ils sont peu aptes à une charge confiée au nom de l'obéissance, ils n'oublieront pas cependant qu'une disposition caractéristique des prêtres diocésains, comme collaborateurs de leur Evêque, implique un engagement inconditionnel au service de l'Eglise, de telle sorte qu'il soit pourvu à toutes les nécessités du diocèse. Quand viendra le moment prévu par le droit général ou particulier, les prêtres présenteront à leur Evêque leur démission et se rendront disponibles pour quitter leur fonction.
· L'observance des exigences et des normes liées à leur fonction: le service pastoral dans une communauté chrétienne, en particulier s'il s'agit d'une paroisse, exige des prêtres qu'ils soient ponctuellement fidèles dans l'accomplissement de leurs obligations et dans la manière de s'y comporter. Cela s'impose avant tout pour les intentions de Messe: l'Eglise a établi de nouvelles normes prescrites par le nouveau Code (191). Les prêtres éviteront de donner l'impression d’agir par intérêt économique; ils n'oublieront pas de célébrer sans honoraires en particulier pour les plus pauvres. Ils observeront, par ailleurs, les prescriptions générales et diocésaines relatives aux honoraires des Messes de binage ou à la Messe "pro populo". Chaque prêtre doit inscrire les Messes qu'il a accepté de célébrer, la date de la célébration, l'intention indiquée par celui qui l'a demandée, la célébration effective, et éventuellement la transmission des intentions à un autre prêtre. Dans chaque paroisse doit se trouver un registre des Messes.
Les livres paroissiaux, c'est à dire les registres de baptêmes, des mariages, des défunts et d'autres registres, selon les prescriptions de la Conférence Episcopale et de l'Evêque, sont nécessaires pour le juste exercice des droits et des devoirs des fidèles. C'est une obligation pour le Curé de veiller à ce qu'ils soient tenus exactement et conservés avec soin. Dans chaque paroisse, en outre, doivent être tenues en ordre et mises à jour des archives où sont conservés les livres paroissiaux, avec les lettres de l'Evêque et les autres documents importants (192).
Les prêtres porteront l'habit ecclésiastique, suivant les normes établies par la Conférence Episcopale et conformément aux coutumes légitimes (193). Ils n'abandonneront pas à la légère ce signe de leur engagement, qui leur procure une sauvegarde pour leur fidélité et qui est un témoignage pour les fidèles.
La résidence est pour les pasteurs une obligation liée à leur fonction. Toutefois, conformément aux directives de l'Evêque, les prêtres ont le droit et le devoir de prendre chaque année un temps convenable de vacances permettant un repos physique et un renouveau spirituel. Ils sauront aussi s'assurer la possibilité d'une brève interruption du travail chaque semaine, qui leur permettra de se renouveler par des lectures opportunes. Avant de s'éloigner de la paroisse pour un temps prolongé, en cas de nécessité, ils devront obtenir l’accord de l'Evêque et s'assurer un remplaçant pour le service paroissial (194).