POUR NOUS LES PRÊTRES DIOCÉSAINS - 8

8. Président des célébrations liturgiques et ministre des sacrements. Les prêtres, participant d'une manière spéciale au sacerdoce du Christ, agissant comme ses ministres, sous l'autorité de l'Evêque, exercent leur fonction sacerdotale par-dessus tout dans l'action liturgique et en administrant les sacrements (64). Ils s'efforceront donc d'acquérir un sens liturgique profond et ils seront des animateurs convaincus de la vie liturgique dans leurs communautés (65).

· La Pastorale sacramentelle: En ce qui regarde le ministère des sacrements, le premier devoir des prêtres est de procurer, à leur sujet, une connaissance de foi véritable, particulièrement par le moyen de la catéchèse: il faut ainsi donner le sens de leur caractère ecclésial, de leur orientation intrinsèque vers l'Eucharistie, de l'aptitude radicale des fidèles à les recevoir et à vivre leur grâce propre en vertu du sacerdoce commun des chrétiens (66). Ainsi sera écartée l'idée fausse qui fait considérer les sacrements comme agissant par eux-mêmes, par un effet en quelque sorte magique, indépendamment de la vie chrétienne.

Etant entendu que les fidèles bien disposés ont le droit de recevoir les sacrements (67), les pasteurs veilleront à leur procurer la préparation convenable (68). Il est bon de préciser ici que la pastorale sacramentelle ne se limite pas au temps qui précède la célébration, mais continue ensuite, pour accompagner et conduire à la maturité chrétienne, ceux qui les ont reçus, en accordant une attention particulière aux néophytes (69). La communauté a le devoir de créer une ambiance fraternelle pour accueillir ceux qui reçoivent les sacrements pour la première fois.

Pour faire croître l'Eglise, il importe de mettre en valeur le caractère central de l'Eucharistie: c'est par son action et autour d'elle que la communauté se forme, vit et atteint sa maturité. Offrant le Saint Sacrifice, "dans une identification spécifique, sacramentelle, avec le Prêtre Souverain et Eternel" (70), les prêtres placeront de manière effective le Mystère Eucharistique au centre de leur propre vie et de celle de leur communauté. Ils n'oublieront pas que c'est seulement à partir de ce centre vital qu'est l'Eucharistie qu'ils peuvent annoncer la Parole avec fruit et rassembler la communauté qui leur est confiée. Ils s'efforceront d'engager les fidèles à prendre part activement à la Sainte Messe, en offrant la divine victime à Dieu le Père et en unissant à cette offrande celle de leur propre existence (71); ils les inviteront à recevoir fréquemment le Pain de vie, à vénérer et adorer le Christ vivant dans le Tabernacle (72). Quand, du fait du manque de prêtre, il n'est pas possible d'assurer la célébration de la S.Messe chaque dimanche dans toutes les communautés, les pasteurs veilleront à établir un calendrier des célébrations tantôt dans une communauté, tantôt dans une autre, de telle sorte que les fidèles aient une garantie suffisante de pouvoir en bénéficier au moment prévu: il s'agit en effet d'un domaine essentiel pour leur vie chrétienne.

Dans la situation actuelle, il convient aussi de recommander aux prêtres "l'exercice diligent, régulier, patient et fervent du ministère sacré de la Pénitence" (73). Cette pastorale exige une grande disponibilité et un esprit de sacrifice, mais elle constitue l'expression la plus élevée de la miséricorde de Dieu en Jésus-Christ, à travers le ministère de l'Eglise. Les prêtres s'efforceront de présenter ce sacrement comme contribuant à la solution des conflits qui existent dans le monde actuel, dans la mesure où le péché individuel se répercute toujours dans la vie sociale, avec ses conséquences dommageables pour la dignité intégrale de l'homme (74).

Dans les Eglises de mission, grâce à une catéchèse fidèle à la doctrine de la foi et à la générosité des pasteurs, la pratique du sacrement de la Pénitence reste fréquente. Il faut surmonter les difficultés qui se rencontrent quant à l'organisation de ce ministère, en particulier du fait du petit nombre des ministres, de telle sorte que cette pratique soit maintenue et même intensifiée. Une programmation précise permettra d'unir les forces disponibles: en particulier, à l'occasion des grandes fêtes, les prêtres voisins pourront s'entraider. On doit se souvenir que la confession individuelle est l'unique forme ordinaire du sacrement pour la réconciliation des fidèles conscients d'un péché grave, avec Dieu et avec l'Eglise. Quant à ce qui concer-ne l'absolution collective des pénitents, sans confession individuelle la précédant, on se souviendra qu'elle ne peut être donnée que dans des cas précis de péril de mort imminente ou de grave nécessité; ceci se vérifie quand, étant donné le nombre des pénitents, on ne dispose pas de confesseurs suffisants pour entendre, comme il le faut, la confession de chacun dans un temps convenable, de sorte que les pénitents, sans qu'il y ait faute de leur part, seraient forcément privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte communion. Il appartient à l'Evêque diocésain de juger si les conditions requises par les normes canoniques sont remplies; en tenant compte des critères établis d'un commun accord avec les autres membres de la Conférence épiscopale, il peut déterminer les cas où se rencontre cette nécessité (75). On ne négligera pas les célébrations pénitentielles communautaires, en particulier aux temps forts de l'année liturgique; on formera ainsi les fidèles à comprendre le sens profondément ecclésial de cette démarche pénitentielle, même lorsqu'elle ne prend pas une forme sacramentelle.

Tout particulièrement - mais non exclusivement - dans les territoires où se réalise une première évangélisation des non chrétiens, les sacrements du baptême et de la confirmation demandent aussi une attention particulière de la part des prêtres.

A propos du baptême, on doit mettre en évidence les effets suivants: le pardon des péchés, la filiation divine, la configuration au Christ et l'incorporation à l'Eglise (76). Au cours de la préparation, la pastorale devra s'adresser aux parents et aux parrains quand il s'agit du baptême des enfants, et aux candidats quand ce sont des adultes(77). On devra valoriser la connexion naturelle entre catéchuménat et baptême(78). On ne doit pas négliger la pastorale post-baptismale, car les néophytes ont spécialement besoin d'être aidés à accomplir fidèlement les devoirs de la vie chrétienne et à s'intégrer dans la communauté ecclésiale qui les a accueillis (79).

Au sujet de la confirmation, il importe également d'insister sur ses effets. Elle fait progresser sur le chemin de l'initiation chrétienne, elle enrichit des dons de l'Esprit Saint, elle crée un lien plus étroit avec l'Eglise, elle oblige à s'engager davantage dans l'apostolat à l'intérieur et au dehors de la communauté ecclésiale (80). La pastorale devra veiller à la préparation des confirmands et, ensuite, les accompagner pour que leur vie chrétienne atteigne sa maturité et pour que leur engagement apostolique, à l'égard même des non chrétiens, progresse en générosité. La célébration de la confirmation sera une occasion favorable d'établir un lien personnel concret entre chacun des candidats et l'Evêque.

· Quelques priorités dans la pastorale liturgique: dans les Eglises qui progressent vers leur pleine maturité, la pastorale liturgique présente quelques aspects prioritaires: c'est avant tout le sens communautaire de la célébration, comme action du Christ et de l'Eglise (81), à laquelle chaque chrétien est en mesure de participer,dans la diversité des ordres et des fonctions (82); c'est, en outre, la nécessité d'une participation active qui suppose aussi bien une préparation préalable que la conscience de la signification et de la valeur de l'action liturgique (83). La pastorale liturgique exige, de plus, que soit assurée une harmonie entre la célébration et la vie, de telle manière que les fidèles soient capables d'exprimer dans leurs activités les multiples richesses du mystère du Christ connu dans la foi (84). Ce type de pastorale exige un notable effort d'inculturation, pour que les célébrations soient plus facilement comprises et qu'elles correspondent à la sensibilité des personnes, dans leur contexte culturel, sans aucunement réduire le sens imprescriptible du Mystère (85). Les études et les initiatives dans le domaine de l'inculturation sont à entreprendre au niveau des Conférences Episcopales, en conformité et en harmonie avec la tradition et les normes de l'Eglise universelle. Il appartient aux prêtres ayant charge d'âme de les soutenir avec conviction et de mettre en oeuvre avec courage les orientations adoptées, en suivant le programme commun établi dans le diocèse (86). Enfin, ils prendront sérieusement en considération les célébrations dominicales en l'absence du prêtre. Etant bien maintenu que la célébration de l'Eucharistie est le centre et le sommet de la vie chrétienne, reste du moins indispensable aux communautés éloignées une réunion de prière chaque dimanche, lorsque par manque du prêtre la Messe ne peut être célébrée (87). Les Conférences Episcopales et chaque Evêque intéressé ont le devoir de régler ces célébrations sur la base des normes de l'Eglise (88), pour ce qui concerne leur contenu, leur lien avec l'année liturgique, la personne qui doit les présider, leur déroulement et la nécessité de ne pas les confondre avec la célébration eucharistique. Il revient aux prêtres de préparer la communauté intéressée et ses animateurs, de telle manière que ces célébrations, qui comportent la proclamation de la Parole de Dieu et, si possible, la distribution de l'Eucharistie, soient d'authentiques expressions de la prière de l'Eglise, capables d'aider les fidèles à sanctifier le dimanche et à faire grandir en eux le désir de participer à la Sainte Messe.

Les attitudes du prêtre qui préside doivent être inspirées par une intelligence exacte de la Liturgie (89), mais aussi par un vrai sens de la dignité qui convient. Cette dignité de la liturgie s'accorde avec la simplicité et la pauvreté des édifices et des vêtements, si les célébrations sont accomplies avec une piété à la fois intérieure et extérieure, en évitant toute précipitation ou négligence. Ainsi, le président de l'action liturgique s'applique à l'animer activement, en intervenant lui-même par les exhortations appropriées prévues par les rubriques, et en s'assurant qu'interviennent comme il convient les autres acteurs de la Liturgie, pour les lectures, les chants, les gestes et les moments de silence. La présidence de l'action liturgique et son animation active exigent une richesse de vie intérieure, une bonne connaissance doctrinale, la capacité d'engager les autres dans cette action commune et le soin de se préparer chaque fois.

L'observance fidèle des normes liturgiques, pour ce qui regarde les gestes, les paroles, les vêtements, doit être pour tout prêtre l'occasion de mettre en valeur le sens du sacré, lié au culte, et de mettre en oeuvre un vrai sens pédagogique. L'Eglise a précisé divers points à ce propos et tous les prêtres doivent les observer (90). Cette fidélité aux normes de la célébration, jointe à l'animation assurée par le président, sera exemplaire pour la communauté. Les fidèles pourront prendre conscience de la grandeur des mystères célébrés, en découvrant la ferveur intérieure des prêtres et en observant la dignité de leur comportement. Les prêtres doivent se rendre compte qu'ils manquent à leur rôle de guides du Peuple de Dieu et qu'ils peuvent désorienter les fidèles quand ils se permettent avec légèreté de modifier le déroulement de l'action sacrée en y ajoutant ou retranchant de manière indue, ou de célébrer sans les vêtements liturgiques, en n'utilisant pas les vases sacrés ou en dehors des lieux et places prescrits. Tout en reconnaissant les situations de nécessité et en admettant des exceptions légitimes, les prêtres seront chaleureusement invités à offrir aux jeunes communautés de mission des célébrations liturgiques aussi dignes et ordonnées qu'il est possible. Ils se souviendront enfin que les célébrations accomplies avec la dignité qui convient constituent un message et un appel significatifs pour ceux qui s'intéressent à la foi chrétienne et s'y acheminent.

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