Premier Jour
Second entretien
Quelques conseils pour me disposer à la prière :
Un rappel de quelques moyens à prendre pour bien entrer en nous-mêmes et pour nous disposer à nous laisser rencontrer par le Seigneur au niveau profond de notre coeur. Nous avons besoin de prendre des moyens bien humains pour nous aider à intérioriser.
Nous cherchons le lieu qui favorisera l’intériorisation de notre vécu, notre descente au niveau profond de notre être... Cherchons à en faire un lieu sacré, un lieu où nous nous laissons rencontrer par Lui.
Cependant si ces endroits peuvent nous disposer davantage à la rencontre, n’oublions pas que le véritable lieu de notre prière, c’est notre coeur. Il est le Temple où habite véritablement le Seigneur.
L’ATTITUDE DE NOTRE CORPS
Pour vraiment entrer en prière, il me faut me rendre présent, être là, être tout là !
Pour ce faire, je dois être convaincu que je suis mon corps. Ainsi en commençant ma prière, je prendrai conscience que je suis tout là avec toute ma personne…ainsi mon corps deviendra le fidèle chemin vers l’intériorité, il me conduira de lui-même au cœur, au centre de mon être, en ce temple intérieur, là où réside « le Père qui habite dans le secret ».
Mais le corps est plus que cela. Il doit devenir lui-même prière….En s’incarnant et en donnant son corps comme nourriture de la foi, le Christ consacrait, comme lieu de communion avec Dieu, toute notre corporéité.
Ainsi efforçons-nous de prier avec notre corps en nous recueillant en nous-mêmes en toute quiétude et détente…Je choisirai une posture sobre, digne, commode, toujours la même, pas excessivement confortable afin que la paix de mon corps me conduise à la paix intérieure. Cette pratique est véritablement le plus court chemin de l’intériorisation.
LE SILENCE
Le lieu choisi nous aidera à trouver un espace de silence extérieur…et ainsi nous pourrons davantage entendre ce qui se vit en nous....je pense aussi à la radio, au portable, à l'ordinateur...
C’est un premier pas mais il nous faudra aller plus loin et chercher à entrer dans le silence intérieur que nous pouvons appeler la paix du cœur…
Plus d’agitation de l’esprit avec ses mille questions, ses raisonnements subtils, son imagination galopante, plus d’éparpillement dans nos mille et une raisons de vivre, d’aimer, de souffrir…Une seule chose compte : nous pacifier, nous laisser purifier par le silence, nous laisser envahir par cette paix profonde qui nous habite…
« Tout près de toi est la Parole elle est dans ta bouche et dans ton cœur »
ou encore :
« Entre dans ta chambre, la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Mt 6,6.
Nous avons porté un second regard sur cette dernière année. Nous en avons fait une relecture. Nous sommes partis de la trame concrète des évènements de ces derniers mois, de nos activités, de nos réalisations ou de nos échecs pour prendre davantage conscience que toute cette année apostolique, nous l’avons vécue en présence de ce Dieu d’Amour. Plus que cela, tout ce que nous avons vécu, ce fut un don gratuit de sa part.
Je me suis laissé aller à l’émerveillement, à l’action de grâce.
Oui le Seigneur est présent et à l’oeuvre dans notre vie. Il est là ! Ouvrons-nous à sa présence, au cœur de notre vie, au cœur de notre cœur…
Puisse-t-il continuer de nous révéler sa présence, son visage ! C’est la demande que nous formulons en ce début de prière…La révélation de son visage multiforme au cœur de notre quotidien, sa présence pleine de respect, d'affection.
Pour saisir plus pleinement ma réalité, ma vérité, portons dans notre cœur cet après-midi ce dialogue extraordinaire, si riche, entre Jésus et la Samaritaine en Jn 4, 1-26.
Revoyons le lieu. Imaginons Jésus, fatigué de la route, assoiffé, qui s’assoit au puits de Jacob.
Un événement en apparence banal comme nombre de nos démarches mais habité par la présence amoureuse de Dieu.
Jésus demande à boire à une femme de Samarie
« Donne-moi à boire…»
Arrêtons-nous à cette attitude si discrète de Jésus. Il se fait pauvre face à sa sœur. Il lui exprime son besoin à elle, femme, samaritaine, pécheresse…J’ai soif ! Puis il lui laisse deviner combien elle est entourée d'un mystère d'amour ineffable.
« Si tu savais le Don de Dieu et qui est celui qui te dit : «Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive…»
« Si tu savais le don de Dieu… » Quelle est dense cette Parole… !
Laissons cette lumière éclairer notre vie. Laissons Jésus lui-même nous révéler toute sa présence d’amour et de tendresse au cœur même de notre vie.
Nous avons été tellement comblés, aimés d'une manière unique par Lui.
Reprenons cette Parole qu'il nous adresse à nous personnellement... «Si tu savais le don de Dieu...»
Laissons-nous aller à l’émerveillement. Nous avons besoin de retrouver ce climat de vérité dans lequel la vie, notre vie, est perçue comme un don incessant.
« Béni le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits. » Ps 103,2.
Nous devons apprendre à remercier, à rendre grâce...petit à petit cela jaillira spontanément de notre cœur.
Sans gratitude, il n’y a pas de profondeur dans la vie.
Le monde, notre vie, la création, ceux et celles qui nous entourent autant de merveilles qui nous sont offertes mais nous sommes souvent trop fatigués, trop habitués, trop centrés sur nous-mêmes pour remarquer tout cela.
L’action de grâce, l’émerveillement, l’adoration modifient notre regard sur la réalité parce qu’elles nous font porter davantage notre attention sur l’amour et la sollicitude de Dieu, cachés par les complications de l’existence...plutôt que sur nous-mêmes et nos problèmes.
« Si tu savais le don de Dieu…»
Si tu savais cet amour fou de Dieu qui te traverse, qui t’emporte, qui te veut toujours plus vivant, plus libre, plus fécond et qui t’invite à aller plus loin, à l’inédit, à l’extraordinaire.
« Si tu savais celui qui te dit < Donne moi à boire >…
Si tu savais le reconnaître à tes côtés,
Si tu le connaissais mieux,
Si tu savais qu’Il est le Don par excellence,
Si tu savais qu’Il est son Fils Bien-Aimé devenu l’un des nôtres pour que tu aies la Vie et la Vie en abondance…
« Seigneur, comme j’ai de la difficulté à percevoir ta présence d’amour, ton action au cœur de ma vie et de mon histoire. »
Je sais combien Dieu est bon pour moi, mais je le sais encore si peu et si mal.
Ma foi est encore si pauvre et si fragile. Croire que je suis aimé d’un amour fou par mon Dieu, c’est cela le cœur de la Foi, l’essentiel de ma Foi.
Seigneur, éclaire-moi; révèle-moi mon identité profonde et tout ce dont tu désires me combler.
« C’est toi qui l’aurais prié…»
Ce que nous avons perçu de beau, de grand dans notre année, c’est encore infime à côté des désirs de Dieu sur nous, sur nos frères et sœurs, sur le monde.
Ouvrons nos cœurs à sa Présence en nous et reprenons à notre compte l’attitude de Jésus face à cette femme. À notre tour, faisons-nous pauvres…
« Donne-moi à boire…»
Beaucoup de beau, de bon a déjà été réalisé à travers nous, en nous…mais ses désirs, ses rêves sur nous dépassent tout ce que nous pouvons imaginer.
Humblement, demandons-lui d’étancher nos soifs de vie, de fécondité, de communion, d’amour !
« Il t’aurait donné de l’Eau vive…»
Et en Jn7, 37-39, Jean nous précise que cette eau vive, c’est l’Esprit, Son Esprit.
C’est la vie même qui est en Dieu. C’est cette surabondance d’amour qui est la Vie même qui circule entre le Père et son Fils. C’est cette puissance de création, de recréation, de réconciliation, de rassemblement.
C’est l’eau qui comble le cœur de l’homme,
Qui étanche toutes ses soifs,
Qui le renouvelle,
Qui le recrée fils bien-aimé à l’image du Fils bien-aimé,
Qui en fait une sœur, un frère universel.
Et le texte, en fait les deux, se terminent sur une promesse.
En Jn4,14, « L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle ».
En Jn7, 38, « De son sein, couleront des fleuves d’eau vive ».
Ceux qui recevront l’Esprit deviendront à leur tour des donneurs de Vie. L’Esprit réalisera des merveilles à travers eux. Leur vie connaîtra une fécondité inouïe.
Enfin au vs. 15,c, « Seigneur, donne-moi cette eau afin que je n’aie plus soif et ne vienne plus ici pour puiser. »
D’où action de grâce, émerveillement, disponibilité, ouverture, désir.
Pour la prière de demain matin
Regard sur la prière de cette première journée.
En cette fin de première journée, il serait bon de nous arrêter un instant à la manière dont nous sommes entrés dans ce grand moment de Rencontre avec Dieu et à la manière dont nous procédons chaque fois que nous entrons en prière.
La grande difficulté dans la prière, c'est que nous l’abordons trop souvent en fonction de nous. Nous nous mettons au Centre et nous considérons le Seigneur, Sa Parole, les événements, les personnes du Centre d’où nous nous situons.
Nous apprécions ce qu’elle nous apporte. Et vite, nous nous décourageons de ce qu’elle nous semble si souvent insignifiante, stérile…Ça me donne quoi ? Ça change quoi ? J'ai l'impression de perdre littéralement mon temps.
Rappelons-nous l’expérience qu’a vécue Moïse face au buisson ardent.
« Moïse dit : je vais faire un détour pour voir cet étrange spectacle et pourquoi le buisson ne se consume pas. »
Moïse domine la situation, il veut cerner la question, il veut une explication au phénomène.
« Et Dieu s’approcha du milieu du buisson. < Moïse, Moïse, dit-il, et il répondit : < Me voici ! >
Il dit : < N’approche pas d’ici, retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte. >
Et il dit : < Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham et le Dieu de Jacob. >
Alors Moïse se voilà la face car il craignait de fixer le regard sur Dieu. » Ex 3,3-6.
Cherchons à entrer dans la prière avec au cœur cette conscience que nous venons Le rencontrer, que nous venons nous exposer à Lui et qu’Il agit en nous bien au-delà de ce que nous pouvons ressentir. C'est Lui qui est le centre de ma vie.
Points pour la prière de demain matin
Au cours de cette journée, j’ai réalisé combien tout dans ma vie est don gratuit de sa tendresse infinie, tout mon être. J’ai été comme invité à me désapproprier de mes réalisations, de mes possessions, de ma situation personnelle pour lui en remettre la paternité.
Cette désappropriation me fait entrer davantage dans la vérité de mon être. À l’origine de mon existence et à chaque instant de ma vie, il y a un acte d’amour de la part de Dieu, un acte d’amour qui me précède toujours.
Ma prière m’a fait atteindre la Source de l’existence de mon être. Je suis littéralement habité et traversé par l’Amour créateur. Tout chez moi prend source dans le cœur aimant de Dieu. Son grand désir sur moi, c’est que je vive et que je vive en plénitude de sa Vie.
J’ai réalisé qu’avant même que je ne m’éveille à la conscience, Il me portait dans son amour. Il rêvait d’un projet d’amour extraordinaire pour moi.
Et ce projet d’amour sur moi, il est toujours là... Et je le réalise au fil des jours lorsque je m’y rends disponible.
Pour soutenir ma prière d’action de grâce, d’émerveillement, d’adoration, empruntons à Marie son Magnificat en Lc1,46-56.
Demandons cette grâce insigne de revêtir des sentiments de totale pauvreté, de confiance absolue et de radicale disponibilité devant tout l’amour qui nous est offert.
Remettons nous entre les mains de Notre Père.
Terminons par la lecture du texte d’Augustin, tiré de ses confessions.
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En cette fin de première journée, peut-être avons-nous des suggestions, des améliorations, des remarques concernant l'horaire ou autre chose.
Quelques textes pour nourir ma prière d’aujourd’hui
Is 41,3-20; Is 33,1-5; Is 54, 1-10; Ps 103; Ps 105;Ps 136; Ps 138; Ps 139.
Jn 4, 1-26; Apo 3,20-21.; 1 Jn 4,7-10.
(Si l’Eucharistie est le soir : textes de la messe suggérés : 1 Jn 3,1-2; Jn 15,5-11. )
Réflexion de St-Augustin, tirée de ses Confessions.
« Tard je t’ai aimée,
O beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée !
Tu étais au-dedans de moi, et j’étais, moi, en dehors de moi-même !
Et c’est au-dehors que je te cherchais; je me ruais, dans ma laideur, sur la grâce de tes créatures.
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi, retenu loin de toi par ces choses qui ne seraient point si elles n’étaient en toi.
Tu m’as appelé et ton cri a forcé ma surdité;
Tu as brillé et ton éclat a chassé ma cécité;
Tu as exhalé ton parfum, je l’ai respiré et voici que pour toi je soupire.
Je t’ai goûté et j’ai faim de toi, soif de toi;
Tu m’as touché et je brûle d’ardeur pour la paix que tu donnes.
Quand te serai-je uni de tout moi-même, il n’y aura plus pour moi de douleurs, plus de fatigue; ma vie, toute pleine de toi, sera alors la vraie vie. » St-Augustin.